Cette cité ne fait pas officiellement partie du quartier Figuerolles. Pourtant, vous la trouvez sur ce site. La raison est simple : Construite de 1951 à 1956, elle a suivi de peu la construction de la Grande Maison et précédé celle de la Cité Gély. En raison de leur proximité et aussi parce que les familles qui habitaient les trois se connaissaient ou étaient apparentées, des liens ont été tissés. Aussi, voilà quelques témoignages, qui en appellent d'autres...

Le projet de réhabilitation de 260 logements d'un clic :
http://www.klekoon.com/boamp/BOAMP_3_Detail.asp?ID_appel=684700
A Montpellier, la cité Astruc est finalement peu connue. Seul, son stade y apporte une certaine célébrité auprès des sportifs. La clinique Clémentville, juste derrière, sert de point de repère quand on veut y envoyer quelqu’un. En fait, il faut prendre l’avenue de Lodève depuis le cours Gambetta en se dirigeant vers le Mas de Tesse et tourner à droite juste avant Les Violettes. On découvre alors 14 grands blocs d’immeubles de 4 à 5 étages, une école et un petit bâtiment de 6 logements de fonction pour enseignants, le tout encerclant un terrain de football qui est en cours de rénovation. Apparemment, une cité HLM paisible où il ferait bon vivre, où il y a beaucoup de vert, d’espace et dont les bâtis, en pierre de Castries, sont plutôt agréables à l’œil en comparaison des constructions récentes. Ce qui a attiré notre attention, c’est l’ouverture d’une épicerie, juste en face de l’école, qui est brutalement devenue un véritable lieu de vie, un endroit où on se retrouve et on cause.

La venue de l’Hérault du Jour a déclenché une belle agitation. C’est qu’il y en a des choses à dire, même des choses à ne pas dire, qui ont été prononcées là ! Et des personnages hauts en couleur : Mme Claudie Lacombe, surnommée Mamie Rambo par tous les jeunes de la Cité a orchestré la rencontre. En fait, elle est la première arrivée dans cette cité, en 1951. Tout simplement parce que son père faisait partie de l’entreprise Genin qui a construit la première tranche de la cité. Ce sera l’entreprise Auteroche qui prendra la suite et la cité sera achevée en 1956, même si elle a été inaugurée en 1953. Mme Lacombe nous signale près de 260 logements disponibles, et après un savant calcul avec les autres Astruciens réunis, estime à près de 30% le pourcentage de personnes âgées résidant dans la cité. C’est que Mme Lacombe est la présidente de l’association des locataires. A ce titre, elle négocie en permanence avec les élus et l’ACM (Aménagement et Construction de Montpellier) pour tous les travaux et les aménagements nécessaires. Et elle a de quoi protester : « Les volets et les balcons n’ont été entretenus qu’une fois depuis 1953 ; la pierre de Castries est si sale par endroits que ça me fait honte ». Effectivement, une petite promenade dans la cité lui donne raison. Sur certains blocs, les volets tombent en lambeaux ; ailleurs, ce sont les ferraillages des terrasses des balcons qui sont à nu. Un nombre important de fenêtres a été livré sans volets en 1953, et depuis c’est toujours pareil.

Heureusement, un plan de rénovation est en cours, mais Mme Lacombe reste sur ses gardes : « On nous a déjà mis du double vitrage, mais pas partout, alors il y a eu polémique ». Dans l’ensemble, les gens réunis reconnaissent qu’il y a comme un malaise relationnel aujourd’hui. « Pas de solidarité, chacun pour soi, manque de dialogue, les gens s’isolent, ne veulent pas se rencontrer, personne ne se mouille, tout le monde a peur, il y a beaucoup d’incivilités ».

Le stade critiqué, l'école encensée.

Le stade est mis en cause avec ses avantages et ses inconvénients. « Il apporte de l’animation mais aussi des nuisances : des voitures qui se garent partout, du bruit, des vitres cassées par les ballons ; ce terrain attire des jeunes qui ne sont pas de la cité et qui passent la nuit à boire en mettant leur sono à fond sous les fenêtres des habitants ». L’école est par contre vécue comme une bouffée d’oxygène, les enseignants comme des gens très sympas, pleins de bonnes intentions pédagogiques. On reconnaît également qu’il n’y a ni cambriolage, ni vols dans les voitures et que finalement, on se trouve très bien là… Paradoxe de cette cité qui est finalement une sorte de gros village qui a perdu ses repères mais qui sait qu’ils ne sont pas très loin et qu’une étincelle suffirait à les ranimer.

Il faut savoir aussi, me disent-ils que ces logements sont pris d’assaut : « Il y a tous les types d’appartements, du F2 au F5, avec des loyers qui vont de 200 à 400 € par mois. Ils sont attribués sur dossier par l’ACM, il y a une sélection en fonction des revenus, avec une priorité donnée à ceux qui sont à la rue ». Avec un grand sourire, on me certifie qu’il n’y a aucun piston pour obtenir son logement. Voilà qui nous rassure…

Vient maintenant le temps des petites propositions qui vont, nous semble-t-il, dans le bon sens : « On nous a enlevé les bancs publics devant le stade ; il faut les y remettre. On aimerait aussi avoir un espace extérieur aménagé pour pouvoir y faire des grillades, boire un coup entre voisins et se rencontrer ».

Magalie Kuntz. Ouverture d’un lieu de vie Cité Astruc

La jeune Magalie Kuntz ouvre son épicerie en septembre 2006. Elle tenait déjà une boutique de location de vidéos depuis 2 ans quand l’épicerie de la cité a fermé sans crier gare. Mme Claudie Lacombe a immédiatement lancé une pétition auprès des locataires pour savoir si les gens souhaitaient qu’une ouverture ait lieu. Au vu de la réponse ; Magalie s’est lancée dans l’aventure et elle a eu raison, puisque cela fonctionne, certes modestement, mais cela fonctionne, et lui permet d’amortir ses crédits d’emprunts. Mais elle nous avoue aussi que son rôle dépasse l’alimentaire :

« Je ne suis pas seulement une épicière ; je suis aussi une confidente, je diffuse les petites nouvelles, j’apporte un peu du lien social qui manquait. J’ai un groupe d’enfants qui reste là. Ils jouent avec les miens et ils m’aident à installer les boîtes de conserve sur les rayons, ou d’autres choses ». Et ce n’est pas tout, car l’incroyable Magalie s’est entendue avec le cabinet d’assurance voisin qui lui laisse les clés pour qu’elle puisse utiliser la photocopieuse ou le fax quand ses clients âgés en ont besoin.

Mais si Magalie écoute, elle ne prend pas partie et reste en bons termes avec tous. Une sorte de nouveau service public ! Maintenant, grâce à elle, non seulement on peut trouver à parler 5 minutes, mais on peut être informé des enterrements, des mariages, que sais-je, de tous les petits détails de la vie de la communauté Astrucienne. Et cette communauté le lui rend bien : « Pour la fête de l’école, les organisateurs sont venus me voir et m’ont commandé 100 baguettes. C’est gentil d’avoir pensé à moi, aussi, j’ai fait un petit geste commercial ».

Et Magalie assume son rôle : « Je me mets bénévolement à la disposition des gens qui voudraient l’utiliser le relais que représente mon commerce pour rétablir le dialogue dans notre village en pierre de Castries ! Pourquoi ne pas organiser ensemble un repas de quartier, une petite fête entre voisins ? »

Souvenirs. La petite histoires des commerces de la cité depuis 1953

Les astruciennes réunies à l’épicerie ont tenté ensemble de retrouver l’histoire des petits commerces qui existaient jadis dans la cité Astruc. Comme partout, il y en avait beaucoup et ils étaient synonymes de bons souvenirs en raison des forts personnages qu’on y rencontrait.. Ils en ont dénombré 11 et ont même retrouvé le nom de tous les propriétaires.

Tout d’abord la teinturerie de M. Sanz, puis la boucherie, tenue d’abord par M. Sabater puis par M. Sanchez ; il y avait Le Bon Lait de Mme Dautheribes ; M. Cayrol qui était un coiffeur pour hommes ; venaient ensuite la droguerie de Mme Sauret et la mercerie de Mme Bouteille, l’épicerie de Mme Bernadette Guiraud, la librairie de M. Charvet, la boulangerie de Mme Suc, la coiffeuse pour dames Mme Guillot ainsi que la pharmacie qui n’était pas au même endroit qu’aujourd’hui.

Au total 11 boutiques, auxquelles on pourrait ajouter le dispensaire.

En 2007, il ne reste plus que la pharmacie, une boulangerie qui vend des plats à emporter, un coiffeur, un prothésiste, un assureur et notre épicerie video-club. L’impact des super-marchés depuis la fin des années 70 aurait donc tué la vie sociale des cités, du moins c’est ce que l’on peut observer ici. C’est avec inquiétude qu’il est évoqué leur ouverture le dimanche, qui restait un bon jour, au moins le matin, pour nombre de petits commerçants.

Le gazon du stade ne faisait plus l’affaire__

Toutes les fibres seront recyclées.

A Montpellier, la cité Astruc est une cité paisible, constituée d’immeubles de 4 à 5 étages, construits en pierre de Castries. Au centre, on y trouve un terrain de football pas ordinaire : en effet, il est constitué d’une pelouse synthétique.

Mais voilà ; de gros engins enlèvent la fameuse pelouse artificielle à la grande curiosité des riverains. Que se passe-t-il ? Johan Jousseaume est travailleur saisonnier pour l’entreprise Parcs et Sports de Lyon, il nous explique : « Sur ce type de pelouse, on peut jouer toute l’année, 24 h sur 24. Nous remplaçons celle-ci, qui a perdu sa souplesse, par un revêtement plus performant. Il résistera bien mieux au soleil, il sera plus doux, il ressemblera à du vrai gazon. Nous découpons l’ancien en carrés de 2m sur 3 et nous l’envoyons en recyclage. Puis, nous allons dérouler des rouleaux de 5 m dans le sens de la largeur. C’est un peu comme de la moquette, avec les petites fibres synthétiques vertes fixées sur une toile. Ensuite, on déverse 200 tonnes de sable. On redresse la fibre avec des râteaux, et le sable, très fin, descend au fond. Puis, on ajoute des petites billes de caoutchouc. Quand il pleut, il y a des petits trous pour que l’eau s ‘évacue, et le terrain est bombé afin que l’eau s’écoule sur les côtés. Puis, tous les 4 à 5 ans, on passe une machine qui regonfle le terrain, qui remonte les fibres et les billes… A part cela, aucun autre entretien, les bandes sont à vie, car ce sont les fibres qui sont teintées. C’est garanti 15 ans. »

T.A, L'Hérault du Jour, mercredi 13 juin 2007.