Un siècle plus tard, c’est une ville qui est ainsi désignée. En 1204, le roi d’Aragon en devient le seigneur. Par le savoir de ses médecins et de ses juristes, par le travail de ses artisans et la richesse de son commerce, la ville va s’imposer de l’Italie à l’Espagne. Une naissance obscure et tardive et une croissance exceptionnelle résument la double originalité de notre capitale régionale.

Avant Montpellier donc, l’érosion a modelé trois collines : à l’Ouest, le Peyrou, qui culmine à 52 mètres ; au centre Montpellier séparé du Peyrou par un val aujourd’hui enjambé par le pont qui précède l’arc de triomphe et à l’est Montpelliéret, séparé moins nettement de Montpellier par une ligne qui irait du Pila Sain-Gély (vers la rue de l’Aiguillerie) jusqu’à la rue de la Saunerie.

Le 26 novembre 985, le comte Bernard et Sénégonde, son épouse, donnent à Guilhem, en échange de son service et de son dévouement, deux manses (parcelles) l’un à Candillarges, l’autre à Montpellier, Mont Pestelerio, qui sera écrit en langue romaine Montpestler et en latin, Monspessulanus. Mais son étymologie a suscité plusieurs hypothèses. La plus populaire fait de Montpellier le mont des jeunes filles (mons puellarum). Elle est aussi fantaisiste que mont des poissons ou des épiciers. Pour d’autres, Montpellier est le mont du verrou (mons pessulus) à cause de l’enceinte qui ferme la ville ou du mont qui barre la route. Certains y ont vu le mont des pierres (mons peirie). Enfin, Montpellier serait le mont du pastel (mons pestellerius). Des études récentes ont abouti à des résultats divergents. Ch. Camproux trouve l’origine de Montpellier dans l’indo-européen pela, la colline. J.-P. Chambon trouve dans ce nom la trace d’une activité de forgeron, F.R. Hamlin le mont ou on cultive des petits pois (du latin pisulum)…

En 985, Monte Pestellario désigne une villa aux contours inconnu dans lequel un manse, un terroir agricole, est donné à Guilhem. Un seul habitant, Amalbert, est nommé. Sa famille est probable et indéterminée. Amalbert est le premier Montpelliérain connu. Aucun texte, aucun indice archéologique ne permettent de croire à une agglomération ou un sanctuaire préexistant.

En 985, le nom émerge pour la première fois, accroché à une terre. Les Guilhems et le hommes qu’ils ont attiré en feront le nom d’une grande ville. De l’agglomération à ses débuts nous ne savons rien. Pourtant, le seigneur et les hommes de Montpellier ont pu, aux environs de 1080, empiéter sur les droits du comte de Melgueil, qui se plaindra d’usurpation sur ses biens et sur ses droits en terme d’adultère, de rapt, de monnaie ou de poids. Il finit par de larges concessions et promet, moyennant finances, sa fille au seigneur de Montpellier. A la fin du onzième siècle, une rivalité entre Guilhem V et le viguier (juge) aboutira à la séparation de Montpellier et de Montpelliéret, chacun sur sa petite colline.

La suite : Histoire de Montpellier, sous la direction de Gérard Cholvy, aux éditions Privat.