Sur son blog, Christian Peron-Debarbieri commente la fermeture du musée. Nous vous devions de le signaler, car il y est fait référence à l'expo que nous avions organisée, intitulée : De figuerolles à Reus. Le texte de son article :

DE L'AMERTUME D'AVOIR ETE DANS LE VRAI

Le 19 juillet 2010

Je viens d'apprendre par voie de presse qu'un établissement que j'ai dirigé il y a 3 ans cesse son activité aujourd'hui. Il s'agit du museum montpellierain consacré aux agricultures du monde.J'ai oeuvré pour cet établissement en qualité de Directeur en 2006 et 2007; la mission que m'avait confiée le Conseil Régional Languedoc-Roussillon (unique bailleur de fonds...) était de revivifier cette belle oeuvre initiée par l'éminent Louis Malassis aujourd'hui disparu et dont je salue respectueusement la mémoire.



Les stratégies possibles étant au nombre de 2, le choix fut simple : Soit il fallait attirer les scientifiques du monde entier vers cet établissement, soit il fallait l'orienter vers le "Grand Public". L'infrastructure hôtelière de proximité immédiate ne permettant pas d'héberger de symposium ou quelque manifestation scientifique internationale que ce soit, je décidai donc de tenter l'ouverture vers le plus grand nombre.



Je dois à la vérité de dire que, dès les premières actions que je tentais pour attirer plus de public, je déclenchai les foudres des représentants du personnel... D'abord, accoutumé à ce genre de résistances aussi inefficaces qu'imbéciles, je n'y pris pas garde et continuai mon travail de communication et de mise en avant de cette oeuvre. Devant les premiers frémissements de réussite, leur opposition, loin de faiblir, prit un tour plus sournois : dénigrements, calomnies, j'en passe et des meilleures. Encore une fois, je n'y attachai guère d'importance; ces actions étaient principalement le fait de 2 personnes, un indécrottable atrabilaire persuadé d'être un grand photographe incompris, ainsi qu'un jeune technicien dont les seules compétences étaient d'exceller dans la manipulation.... de ses collègues....

L'apothéose fut atteinte lorsque j'osai, contre l'avis de tous, organiser une exposition consacrée à Emile Arcaix, peintre né à Montpellier et émigré en Espagne et dont le talent me paraît indéniable (étant malheureusement lui aussi décédé cette année, il ne pourra me contredire...). Mes 2 opposants en chef déclarèrent sacrilège cette action qui risquait d'intéresser bien d'autres que quelques aimables scientifiques ! "Mais vous n'y pensez pas ! la vocation du Museum va être détournée ! Nous nous opposerons à çà de toutes nos forces ! Vous allez voir ce que vous allez voir !" J'abrège cette pitoyable litanie d'apostrophes dont j'étais la cible. Quelques jours avant le vernissage, le vieux photographe atrabilaire me menaça même de son cutter !

En dépit de ces 2 malheureux têtus et bornés, le vernissage fut un succès... Le musée n'avait jamais vu autant de monde à la fois ! Les représentants du Conseil Régional, étonnés et ravis de ce succès, en redemandaient !

La preuve était en train de se faire que la démocratisation de cet établissement était possible, le Conseil Régional la jugeant nécessaire (à juste titre, bien entendu), il ne restait plus à mes 2 guerilleros résolus à faire échouer ce beau projet qu'une seule solution, le terrorisme... le plus Machiavel des 2 commença donc à manoeuvrer ses collègues en vue d'une grève du zèle qui cachait son nom en leur annonçant les pires prédictions pendant que son compère, expert en photographies agrumesques, passait ses journées à parcourir le musée en tous sens en hurlant des prophéties dignes de Cassandre.

Partant du constat qu'il serait impossible de mener à bien ce projet sans l'adhésion du personnel dans son entier, je décidai de mettre tout mon poids dans la balance en leur proposant un référendum comportant 2 choix, soit ils accceptaient le projet que je menais, soit je partais...

La pression des délégués du personnel s'intensifia, traitant ma proposition de chantage ! Ainsi le personnel n'osa pas se prononcer et je démissionnai juste après le succès d'une belle exposition consacrée à la banane dans le monde... Au moment de mon départ, je savais que les 10 salariés du musée venaient de se condamner eux mêmes...

Georges Frêche vient donc de me donner raison en fermant le musée pour cause de trop faible fréquentation (13000 visiteurs par an soit environ 40 par jour, quand on sait que le vernissage Emile Arcaix avait attiré en 2007 plus de 300 personnes en une soirée...)

C'est pitié de constater que ces pauvres gens se trouvent maintenant en difficulté alors qu'à mon arrivée j'avais fait transformer tous les CDD en CDI !

           Parfois il est bien triste d'avoir raison contre vents et marées !

Christian Peron-Debarbieri.