Le Monte-plats, au théâtre Gérard Philipe
Par Thierry Arcaix, lundi 23 novembre 2009 à 17:34 :: Actualités :: #56 :: rss
26, 27, 28 novembre 2009 à 21 h, par le Macassar Théâtre
Le Macassar Théâtre nous présente un « classique moderne » : du Harold Pinter, et du meilleur, sur fond de tueurs à gages.
Le Monte Plats est attendu…
Ils sont deux tueurs, Ben et Gus. Tout droit sortis d’un film noir. Deux professionnels qui attendent le client dans ce que l’on suppose être une cuisine désaffectée. Une mystérieuse et implacable organisation les emploie pour exécuter les « basses œuvres ». La dernière fois, c’était une cliente… et de plus, ils ont « salopé » le boulot… ça a giclé partout ! Bref, depuis, plus rien n’est tout à fait comme avant. Et tout paraît bizarre à Gus (Michel Robin) qui pose beaucoup, beaucoup trop de questions. Plongé dans son journal, Ben (Jacques Rebouillat) refuse obstinément de répondre. Cela ne se fait pas…
On ne s’y trompera pas ; c’est à du Harold Pinter que Guy Cabane, Michel Robin et Jacques Rebouillat nous invitent ces deux derniers week-ends de novembre. Et du meilleur, après avoir vu la représentation du premier week-end. Mais alors, qui est donc Harold Pinter ? En fait, ce poète, scénariste, metteur en scène est né en 1930 à Londres. Il est le fils d’un tailleur juif d’origine russe, qui, de petits boulots en petits boulots, fréquentera tout ce monde de marginaux, clochards, voyous, maquereaux qui vont peupler ses pièces. Des pièces qui sont aujourd’hui de vrais « classiques modernes » et qui ont donné naissance à un nouvel adjectif qui a pris sa place dans le dictionnaire : pinterien, un mot qui qualifie un univers absurde et sans espérance. Des personnages toujours angoissés, opprimés, victimes de conflits qui les dépassent, plongés dans la plus grande solitude, vivant une tragédie à la fois terrible et burlesque. C’est le style de Samuel Beckett qui, semble-t-il, inspire Harold Pinter à ses débuts. Aujourd’hui, dans l’histoire du théâtre, on le classe quelque part entre le « Théâtre de l'Absurde » (Ionesco, Adamov, Beckett, Genet), et un genre spécifiquement britannique, "l'École de la Cuisine" (d'après La Cuisine d'Arnold Wesker, un autre enfant de la guerre et des atrocités). Un aspect non négligeable de la personne Harold Pinter est son engagement : c’est un défenseur des droits de l'homme et un objecteur de conscience ; son évolution politique deviendra de plus en plus critique contre les néo-conservateurs occidentaux « fauteurs de guerre ». Il critiquait l'embargo contre Cuba et n'a pas hésité à dénoncer le rôle de l'ONU dans les Balkans en 1999 ainsi que les guerres menées en Afghanistan et en Irak. S’il reçoit le prix Nobel de littérature en 2005, c’est pour y faire lire une déclaration très sévère contre les Etats-Unis de George W. Bush qui exerce, dit-il, "une manipulation très clinique du pouvoir dans le monde entier tout en se faisant passer pour une force prônant le bien universel". On n’est pas très loin du prix Goncourt 2009… Harold Pinter meurt à Londres le 24 décembre 2008, à l'âge de 78 ans.
Revenons à notre compagnie, le Macassar théâtre, celle qui nous présente « Le Monte-Plats » ce spectacle à ne pas rater. C’est en fait la réunion, qui s’est faite un peu par hasard, de trois comédiens chevronnés : Guy Cabane, tout d’abord, le metteur en scène, est une véritable pointure. En effet, il travaille au cinéma avec Claude Lelouch, Jean Yanne, Edouard Molinaro ou encore Milos Forman ; mais ce n’est pas tout, il est aussi chanteur classique, ténor et a chanté Mozart, Verdi, Puccini, Donizetti que ce soit à l’Opéra Garnier, à Rouen, à Marseille, Dijon, Nîmes ou Montpellier auprès de Giorgio Strehler, Georges Wilson ou Petrika Ionesco. Ben et Gus, nos tueurs, sont donc en de bonnes mains. Ben, tout d’abord, est joué par Jacques Rebouillat, qui nous arrive de Nogent sur Marne, ou depuis 1981 il travaillait avec Fabienne Gautier au Pocket Théâtre. Durant tout ce temps, il interprètera Molière, Racine, Tchékhov, Sartre, Lorca, Obaldia ou Woody Allen pour ne citer que ceux-là. Gus, c’est Michel Robin, un personnage bien connu du quartier Figuerolles qui interpréta dernièrement le rôle de l’assistant du commissaire priseur lors de la fameuse vente aux enchères d’œuvres d’arts destinée à soutenir la pizzeria « Le Repalatin ». Il commence en 1986 à l’école de cirque de Rosny-sous-bois, puis celle de Sylvia Montfort, puis découvrira la Comedia dell’Arte auprès de Carlos Boso, Philippe Gautier et surtout Tony Cafiero avec qui il jouera plusieurs années. Mais il va compléter et approfondir sa formation de comédien, travaillera sur des textes classiques et contemporains, découvrira Stanislavsky lors de nombreux stages professionnels à Paris et Marseille. Il jouera Calderon, Pirandello, Woody Allen, J-C Carrière. Au cinéma, il tournera avec J-P Mocky, S.Clavier, J. Mache, F.Grousset.
C’est donc un rendez-vous à ne pas louper que proposent nos trois compères, avant la prochaine grande réalisation de leur compagnie, Le Macassar Théâtre, qu’ils concoctent pour très bientôt : ce sera autour d’un texte de Woody Allen …
Thierry Arcaix
Rendez-vous : 26, 27, 28 novembre, 21 h, Théâtre Gérard Philipe, 7 rue Pagés Montpellier. Tel. 04 67 58 71 96. Prix : 8 et 10 euros.
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