URBANISME: Midi Libre du mardi 13 juillet 2010
Par Thierry Arcaix, vendredi 16 juillet 2010 à 12:05 :: Actualités :: #68 :: rss
Montpellier. Habitat. Les petits propriétaires chassés par la réhabilitation ?
Au Petit-Bard ou dans Figuerolles, les opérations de rénovation se traduisent aussi par des charges en hausse
Les petits propriétaires de certains quartiers populaires de la ville font-ils les frais des politiques de rénovation qui y sont menées ? Les derniers mois ont été marqués par plusieurs manifestations de colère venant de résidants contraints de quitter leur logement.
Au Petit-Bard, lors de l'occupation de la maison pour tous au cours du printemps dernier, un habitant de la cité déplorait que la Serm lui propose seulement 450 € par m 2 pour son appartement quand le juge de l'expropriation avait rehaussé le prix à 580 m 2 . Dans le quartier, les riverains n'ignorent pas qu'un logement rénové vaudra beaucoup plus cher à l'issue de l'opération en cours quand le quartier sera également desservi par la troisième ligne de tramway.
Yannick Tondu, directeur général délégué des services à la Ville, réfute cependant toute idée de spoliation. « Au Petit-Bard, les propriétaires occupants ne sont que 10 % et ils font l'objet d'une grande attention. Il y a deux hypothèses : on leur propose un échange contre un logement équivalent au Petit-Bard ou une vente avec un relogement dans le parc social. » Selon le responsable, le choix est à « 50-50 » entre les deux dispositifs.
Et ceux qui restent bénéficient d'aides dans le cadre d'un programme d'amélioration de l'habitat (Opah) : prises en charges de travaux dans les parties communes, prêts à taux zéro facilités par des opérations relais... Une panoplie de dispositifs qui ne suffisent pas, pour autant, à sécuriser certains petits propriétaires bailleurs aux abois. En avril dernier, à Figuerolles, un autre périmètre concerné par la politique de réhabilitation de la Ville, une femme était ainsi montée sur le toit de son immeuble pour protester contre la vente forcée de son appartement insalubre à la Serm. « Il y a des situations qui sont très difficiles. Ce sont des gens qui comptent sur le revenu du loyer mensuel mais qui n'ont plus les moyens d'être propriétaires. Il faut pouvoir vivre sans compter seulement sur le loyer », notent Yannick Tondu et Sylvie Mahot, chargée de la mission projet urbain... Selon la Ville, certaines situations de dégradations ne permettent pas de s'en tenir à des « mécanismes incitatifs » mais nécessitent une intervention coercitive via les arrêtés de péril.
Un programme de type Grand-Coeur agrémenté d'une opération d'amélioration de l'habitat, modifie-t-il la composition d'un quartier à forte identité comme celui de Figuerolles ? Oui, estime Thierry Arcaix, habitant du quartier et auteur d'écrits universitaires sur le sujet. « La crise urbaine souvent appréhendée en terme de déficit de logement, de services et d'aménagement est pour cela aggravée par la crise sociale et culturelle du lien social, par la perte des identités » , note-t-il. « On voit beaucoup de maisons dégradées rachetées par des retraités qui ont vendu la leur à Paris et qui sont en mesure de réparer », ajoute encore Thierry Arcaix, qui place ces évolutions dans un contexte simplement... mondial. « Nous souhaitons que les familles modestes restent dans le quartier. L'idée n'est pas de faire partir les pauvres et j'ai l'impression qu'à Figuerolles, l'équilibre se maintient », rectifie Yannick Tondu. Selon lui, les opérations menées dans le quartier ont aussi permis de traiter « des ilôts de grande misère » (lire ci-dessous). Un argument qui ne convainc pas Thierry Arcaix : « C'est facile d'arriver en disant cela. Mais ils pouvaient très bien cadrer les choses avant. » Le débat sur l'impact des politiques urbaines reste largement ouvert. Insalubre Il y a quelques mois, un arrêté d'insalubrité et d'inhabitabilité a été pris par la Ville contre un immeuble du cours Gambetta appartenant à un bailleur privé exerçant une profession libérale. Ce bâtiment abritait des chambres louées à une quinzaine d'anciens travailleurs immigrés à la retraite. Après la fermeture des lieux, la quinzaine de résidants qui y vivaient ont été relogés par la Serm à la maison Marie-Caizergues.
Guy TRUBUIL Midi Libre
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