1- Présentation générale
2- Témoignage : Henri Hebles
3- Témoignage : Christian Gauffre
En 1980, la Maison pour Tous Joseph Ricome remplace définitivement l’école de garçons de la rue Pagés. Mais qui étaient J. Ricome, Pagés ? D’où viennent tous ces noms donnés aux rues du quartier ?
Pour Joseph Ricome, c’est facile. Né en 1901, décédé en 1973, résistant pendant la guerre, ajusteur balancier, félibrige défenseur de la langue d’Oc, il est membre du RPF. En 1941, il crée la Maisonnée (accueil de jeunes apprentis) et la salle Familia (spectacles et cinéma) à Figuerolles avec le Père Blanc, dit avoir apporté son soutien au père Coursindel. Joseph Ricome sera élu sous les municipalités de Mrs Boulet et Zuccarelli de 1945 à 1959.
Pour Pagès, c’est plus compliqué : il s’agissait en fait du nom du propriétaire du terrain sur lequel on avait ouvert la rue, comme le plan Cabanes ou la Tour Gayraud appartenaient jadis à M. Cabanes et M. Gayraud.
Il y a aussi pas très loin des rues qui portent des noms de Saints : Saint Blaize, Saint Etienne, Saint Honoré, Saint Antoine. Mais pourquoi ? En fait, le propriétaire des lieux était un horticulteur nommé Blaize Martel (il reste une trace de son nom rue du Jardin Martel). Il baptisa au 19ème siècle les rues établies à la place de ses jardins avec les noms des saints qui étaient les patrons de lui-même et des membres de sa famille. Dans le voisinage, se trouvait la rue Martin, du nom d’un autre jardinier, lui aussi propriétaire. Cette rue sera appelée rue de Lavérune car c’était une partie du chemin qui permettait d’aller à ce village. Après la guerre, on l’appellera rue du Père Fabre, du nom d’un prêtre qui, avec le père Bonnet s’est illustré par ses actions sociales dans le quartier. En 1853, le chemin de Font- Carrade (Font : fontaine) prendra le nom du professeur à l’Université de Médecine Henri Haguenot, propriétaire d’un terrain dans cette rue. Après la guerre de 1870, c’est le nom d’une ville perdue qui sera choisi pour la rue de Metz, alors que la rue du Nord obtiendra son nom en raison de sa direction…
L’école Pagès
Dans sa séance du 16 octobre 1950, le conseil municipal de Montpellier, dont Paul Boulet est le maire et Joseph Ricome membre, annonce qu’il vient d’acquérir (le 2 septembre 1950) un immeuble 7 rue Pagés et qu’il va y installer une école publique. Cet immeuble était déjà une école appartenant aux Frères des Ecoles Chrétiennes, une congrégation religieuse établie à Reims en 1680 par Jean-Baptiste de La Salle. Cette école connaîtra ses heures de gloire et ira jusqu’à accueillir 5 classes. Une classe de perfectionnement de l’école Gambetta y sera même installée, on y organisera un gardiennage le jeudi (à l’époque, ce n’était pas le mercredi qui était libéré pour les enfants). Quelques enseignants ont laissé leur nom dans l’histoire : J. Ponsy, Labatut et Dedieu (1957), Rouquette, (1958). Bien d’autres certainement aussi, n’hésitez pas à nous contacter si vous disposez de noms, de souvenirs, de photos. Cette école restera l’Ecole de la rue Pagès, aucun nom propre n’y sera attaché, ce qui n’a pas rendu les recherches faciles. Quoi qu’il en soit, au début des annèes 70, comme nous le confirme M. Melac, au service éducation de la Ville de Montpellier, le quartier se vide, les classes ferment. Plusieurs écoles connaissent le même sort au centre ville. En 1978, l’école est définitivement désaffectée. De 1978 à 1980 le local est occupé par 2 associations : la Croix Rouge pour y donner des cours de secourisme et l’association Tiers Monde. En 1980 les préfabriqués sont démolis et la Maison pour Tous sera bientôt inaugurée.
« Comme suite à votre article paru dans l'Hérault du Jour du dimanche 28 janvier 2007, vous trouverez à cet effet une photo de la classe de perfectionnement de l'école Gambetta, année scolaire 1952-1953 classe décentralisée de l'école de la rue Pagés.
A titre indicatif, je me situe au premier rang, deuxième élève en partant de la droite sur la photo. Date de naissance 11/04/1939 à Montpellier.
Je tiens à vous remercier des souvenirs que vous faites ressurgir de ce quartier que j'ai habité au 25 de la rue de Lavérune actuellement rue du Père Fabre.
Je vous prie de croire, Monsieur, à l'expression de mes meilleurs sentiments. »
" Je viens de regarder votre page sur mon école primaire (rue Pagès), et j'ai, là, de petits détails à vous faire partager.
Vous citez un des instituteurs dont je me souviens, M. Ponsy. Il était aussi directeur de l'école. Quand j'étais à Pagès (probablement entre 1957 et 1962), sa classe était la première des deux classes en préfabriqué installées en entrant à droite. L’autre préfabriqué était alors occupé par M. Pougnet.
Vous parlez de cinq classes.
Effectivement, il y avait cinq classes "normales": outre les deux sus-mentionnées, il y avait aussi :
- Celle de M. Cabinal (ou Caminal, je ne sais plus) au fond de la cour à droite. Je me souviens qu’il avait une étrange manière d’accrocher et décrocher sa mobylette (ou son Solex, je ne sais plus) sur le mur du fond : il faisait le geste une première fois sans aller jusqu’au bout, puis le faisait pour de bon.
- Celle de Mme Boï (je ne garantis vraiment pas l'orthographe, mais phonétiquement, c'est ça : "Boï", comme le mot "Boy" en anglais)
- Celle de Mme Bernard.
Ces deux dernières étaient toutes deux au fond de la cour à gauche.
Mais il y avait aussi une classe, voire deux, correspondant probablement à la classe de perfectionnement que vous mentionnez. Je me souviens que ces élèves étaient plus... rugueux. Plus âgés, ils préparaient, m'avait-on dit, le certificat d'études – que plus grand monde ne préparait, mais l’information était peut-être fausse –, et étaient en général plus âgés que nous. Ils nous terrifiaient un peu... Leurs classes étaient au premier étage d'un bâtiment à droite dans la cour, dont le rez-de-chaussée était occupé par une salle où, de temps à autre, en échange d'une pièce de 10 puis de 20 centimes (l'inflation, déjà), nous assistions à des projections de Charlie Chaplin, Laurel et Hardy et "Crin blanc". J'ai l'impression d'avoir vu "Crin Blanc" chaque année pendant toute ma scolarité primaire...
D’autres petits souvenirs ? Les berlingots en plastique qu’on nous offrait de temps à autre pour le goûter, remplis d’une gelée au raisin si sucrée que j’en avais la chair de poule en l’avalant. Et puis ce portail délabré, à l’opposé du portail d’entrée, qui donnait sur le haut de la rue Haguenot. C’est par là qu’allaient et venaient mes copains gitans, qu’on ne voyait vraiment à l’école qu’en début d’année. Leurs visites s’espaçaient ensuite jusqu’à disparaître complètement, sauf, de temps à autre, lorsqu’ils venaient nous narguer au travers des interstices du portail au moment des récréations. Parfois, ils se manifestaient aussi à la sortie, rue Pagès, histoire de provoquer quelques brèves bagarres…
Enfin, vous mentionnez le « gardiennage » du jeudi. Effectivement, j’y suis allé quelque temps, avant d’être inscrit par mes grands-parents au patronage Saint-Joseph-La Maisonnée (l’AEPJO, ou association d’Education Populaire de la Jeunesse Ouvrière, me semble-t-il). Mais c’est une autre histoire… De cette brève expérience du gardiennage (j’ai l’impression qu’on parlait de « patronage laïque », mais je n’en suis pas certain), je garde le souvenir d’un terrible coup de soleil à l’occasion d’une excursion à Palavas – avec fièvre, et visite de la guérisseuse de service.
Bon, je vais suspendre ce flux de souvenirs, sinon, je vais vous lasser !
Bonne soirée et à bientôt peut-être.
P/S: Un petit détail sans importance, mais à l'occasion : il me revient à
l'esprit que nous surnommions M. Ponsy... "Poncitron". Ah là là,
l'humour des gamins..."
mél : thierry.arcaix@wanadoo.fr ; tél : 06 23 10 62 21