Dimanche 13 mai, le quartier Figuerolles à Montpellier a connu son grand moment annuel de libre-échange. Mais un échangisme pas vraiment pervers et en accord avec toutes les morales. Car c’est bien d’un marché qu’il s’agissait, et même d’un marché d’un type spécial : un marché aux puces. Le côté magique de cette opération menée de main de maître par les associés de ce quartier sous l’appellation maintenant célèbre « Drôle de Figue » est qu’il en réunit tous les habitants pour une folle journée. Malgré une météo pas terrible, temps gris et frisquet, aux antipodes de celui des jours précédents, la rue s’est remplie d’exposants et de chalands. Et des choses ont changé de main, pour des prix abracadabrants. La belle petite vitrine en noyer pour 10 €, le vélo en parfait état 20 €, 2 € les trois marteaux, des livres neufs à 20 cts, etc. etc. C’est que pour beaucoup, il s’agissait de faire du vide dans les appartements et, comme dit Nafissa : « de toute façon, on l’aurait jeté, alors autant faire plaisir à quelqu’un ! » Donc, surtout, ne le dites à personne : si ça se savait, on risquerait de voir arriver l’année prochaine des bus entiers de touristes étrangers qui nous achèteraient tout sous le nez. Parce qu’en plus, il y a des animations : musique, sculpture de glace en direct, buvette, j’en passe et des meilleures. Gardez bien l’info secrète, comme vous faites pour les bons coins à champignons...
Le vernissage de l’exposition d’Emile Arcaix a redonné des couleurs et un peu de folie au musée Agropolis.
"Son vécu, il nous le fait partager dans ses tableaux, depuis sa petite en fance tumultueuse dans les rues du quartier mythique de Figuerolles jusqu’à son séjour à Reus en Cataliogne d’où il nous est revenu ce soir", introduisait Corinne Giacometti, vice présidente du conseil régional. Dans son discours, elle évoquait Figuerolles, son histoire et sa mosaïque culturelle : "ce quartier […] a été le lieu de résidence des petites gens, la main d’œuvre d’abord agricole puis industrielle nécessaire à la vie de la cité […] Un quartier « anartiste » en entendra-t-on dire. Car c’est ce qui a fait qu’Emile Arcaix s’est installé à Reus ; il y a retrouvé quelque chose de son Figuerolles d’antan, de ses racines, de son histoire". La série de tableaux présentée par le peintre est empreinte de vie par sa palette de couleurs. Un régal pour les yeux. Ses œuvres évoquent particulièrement le monde de la nuit. Une femme aguicheuse, qui dessine des volutes de fumée avec sa cigarette, accoudée çà un bar, la bretelle de sa robe retombant sur son épaule ; une sensualité presque palpable. La religion devient sujette à l’humour, le diable devient compagnon de l’homme de foi. Tous deux titubent, certainement un excès d’alcool… Peinture de critique et d’expression, révélatrice des npn-dits de la société. Rien de tel que la présence du groupe les Gipsy Catalans et de quelques tapas pour réunir, le temps d’une soirée Figuerolles et Reus. Un vernissage sous le signe des rencontres et du partage. Le directeur, Christian Peron, a annoncé ensuite l’exposition en septembre prochain des dessins d’un célèbre caricaturiste : Fortuné. Cet homme a travaillé pendant 25 ans au journal le Parisien et a réalisé durant cette période plus de 15000 dessins. Agropolis-Museum semble décidé à en surprendre plus d’un.
(Elodie Cabrera. L’Hérault du Jour. Mercredi 25 avril 2007.)
Emile Arcaix réunit plus de 300 personnes
« C’était gigantesque ! Il y avait tellement de monde qu’on pouvait à peine circuler par moments » Grand succès, en effet, pour le vernissage, lundi soir, à Agropolis-Museum, de l’exposition d’Emile Arcaix, enfant de Figuerolles résidant désormais en Espagne. Musique manouche avec les Gipsy Catalans, tapas et sangria ont imprimé un esprit de fête à cette soirée. L’occasion pour Corinne Giacometti, la présidente du musée, de saluer la peinture colorée et tourbillonnante de l’artiste et le virage du musée des agricultures du monde qui entend désormais « être le lien nécessaire entre science et culture ». Emile Arcaix va maintenant s’atteler à la réalisation en direct d’une immense fresque sur les murs du bâtiment et dont le vernissage, fin juin-début juillet, promet d’être tout aussi grandiose avec musique, guinguette et conférences sur la guerre civile espagnole. Si un comité de pilotage artistique va être créé, Christian Peron a d’ores et déjà annoncé la prochaine exposition : le dessinateur Jacques Fortuné, en septembre. En attendant, courez voir jusqu’au 12 juillet De Figuerolles à Reus. ..
(Midi Libre. Mercredi 25 avril 2007.)
1- En 2007
"Même les gens en règle ont peur" « Les gens en ont marre. Certaines personnes sont contrôlées au faciès deux ou trois fois dans la journée, parfois dans les commerces. C’est humiliant », témoigne un habitant de Figuerolles. « Les gens ont peur, les commerçants n’osent pas demander la réquisition du procureur quand « ils » viennent faire un contrôle dans leur commerce. Même les gens en situation régulière ont pzur de perdre leurs papiers ! » s’exclame un voisin. « C’est comme si on était tous les jours surveillés, on vit sous pression constante » ajoute son collègue qui doit passer dans quelques jours au tribunal administratif pour une « expulsion probable ». Hier matin (samedi 24 novembre 2007) sur la place Salengro, 50 à 60 personnes se sont mobilisées pour dénoncer la criminalisation du quartier. L’opération était organisée par la coordination des comités de soutien aux sans-papiers, le comité de soutien aux Kurdes, et la Librairie Scrupule. Informations, pétitions et discussions circulaient entre les passants.
A 11 h, quelques commerçants ont baissé leur store pour manifester symboliquement contre les contrôles à répétition. « Je baisse mon rideau pour les sans-papiers, pour le quartier et pour le commerce. Toutes les fins d’après-midi, les flics sont garés ici. Une fois, ils ont contrôlé les clients sur la terrasse, ils nous empêchent de travailler. Pourquoi ils ne font pas autant de contrôles dans les autres quartiers ? » s’indigne la patronne du Sphinx. « Le matin à 6 heures, ils sont là à contrôler des gens qui vont travailler. Trop, c’est trop. »
Le 8 décembre prochain, à 11h 30, un autre rassemblement est prévu devant l’école Léo Malet dans le quartier Celleneuve pour soutenir les personnes sans-papiers et la tension qui cerne peu à peu les quartiers populaires.
Hélène Gosselin ; L’Hérault du Jour, dimanche 25 novembre 2007
2-En 2008
Solidarité. Les sans-papiers militent à Figuerolles
« Les chiffres ont un visage. » Le marché de Figuerolles, sur la place Salengro, avait les couleurs de la mobilisation et de la contestation, hier matin.
Fidèle à ses engagements, le comité local de soutien aux sans-papiers du quartier mettait, une nouvelle fois, sur la place publique la question de la régularisation des personnes dites en situation irrégulière et le refus des expulsions. « On est toujours là, pour informer, pour qu'il y ait quelque chose qui se passe dans la population, qu'il n'y ait pas d'indifférence qui s'installe face à ce qui se passe », relate Anne, l'une des militantes du comité de Figuerolles (1).
Après un printemps très actif, la coordination des comités de soutien de la ville - environ 250 personnes - avait déposé de façon collective 38 dossiers de personnes sans-papiers. « A ce jour, nous avons reçu 18 réponses, avec 12 régularisations potentielles par le travail et 6 refus, poursuit la jeune femme. Et le reste est en cours de traitement.On ne peut pas accepter cet arbitraire. Nous, on les côtoie au quotidien et c'est insupportable de voir qu'ils vivent dans la peur, qu'ils se cachent parce qu'on les expulse à tour de bras. » Parce que la plupart travaillent et ont construit leur vie ici, parce que « les critères se sont durcis - il faut avoir un CDI payé au Smic minimum - » et que toutes ces personnes ne se réduisent pas à des chiffres et statistiques encombrants, le comité avait tendu au-dessus de son stand une banderole barrée de ce slogan simple mais parlant : « Les chiffres ont un visage. » Le prochain rendez-vous est fixé au 19 novembre, date à laquelle la préfecture rendra ses derniers arbitrages. La coordination appelle au rassemblement le plus grand nombre, à partir de 17 h 30 devant les grilles, « pour aller chercher des réponses. »
Diane PETITMANGIN, Midi Libre
(1) Sur les treize dossiers de Figuerolles déposés, quatre ont déjà été refusés.
Edition du dimanche 9 novembre 2008. Photo Jean-Michel Mart.
Personnage illustre du quartier, il a eu droit à son article dans le Midi Libre...
Le 26 mars 2006, avait lieu à la paroisse Immaculée Conception la célébration du quatre vingt dixième anniversaire de l’Etoile Bleue. Grâce aux bons soins de Mademoiselle Tricou, fervente paroissienne, nous avons accès à l’émouvant discours qui y fut prononcé.
- C’est en 1916, 90 ans aujourd’hui, qu’est arrivé dans ce quartier d’ouvrier un jeune abbé dynamique, plein d’amour et de charité, pas bien grand par sa taille, mais un cœur gros comme une cathédrale. Pour moi, parler de ce temps là, où je n’existe pas, est assez difficile. C’est par mes documents et dire de mes anciens que je peux raconter la vie de ce quartier où plus tard je suis né.
Cet abbé s’appelait Paul Bonnet et fut nommé chapelain de l’Immaculée Conception où nous nous trouvons aujourd’hui tous réunis pour fêter ensemble ce nonantième anniversaire. Paul Bonnet créa un patronage, ainsi qu’une troupe théâtrale mixte où, pour la première fois (chose impensable à l’époque) garçons et filles jouaient ensemble sur le plateau installé au domaine de la Paille, quartier Lepic. Avec l’appui et le dévouement sans faille de certains jeunes et moins jeunes, il y développa une intense activité. Mais sa plus belle réussite fut bien la création de cette jolie clique qui aujourd’hui est devenue cette belle musique de l’Etoile Bleue, musique de Montpellier.
Mais avant, 25 ans avaient passé. C’était dans les années bien sombres où à Figuerolles la vie n’était pas toujours rose pour les enfants de ce quartier. Si on avait un peu de liberté, on n’avait pas grand-chose à manger. Pour nous, le patronage était comme un garage, nos parents travaillaient et le Père Bonnet d’un œil nous surveillait. Il nous donnait quelques friandises que des gens plus aisés lui avaient données. Pour nous refaire une santé, il nous emmenait à Lourdes et sa tâche était lourde ; pour boucler son budget, il lui fallait mendier.
Car, que tu sois gitan, ou bien migrant, que tu sois blanc, que tu sois rouge, il ne laissait personne sur le bord de la route. En confession, nous lui disions mon Père, car c’était pour nous comme un grand-père, et avec un grand respect, on l’appelait papé.
Il fut aidé dans sa tâche par des personnes compétentes. M. Richard Marius, le menuisier d’en face, M. Serviole Jean, notre chef de musique qui nous aimaient bien tous. Comme un grand frère, nous avons encore en tête quand il criait pour nous faire taire « Allez, oh, oh, on écoute ! ». Les frères Malzac qui nous faisaient marcher au pas, M. Bousquet, notre cher Emile, qui s’occupait des affaires courantes, M. Bresson Pierre, dit Saturnin. Si volontairement j’en oublie un, anciens et jeunes, vous aurez deviné de qui je veux parler. Sans oublier tous ceux qui par leur présence ont participé à l’essor de l’Etoile, nous tenons ici à leur rendre un hommage ainsi qu’à cette famille qui, à la mort du père a ouvert son caveau pour pouvoir l’héberger.
En ce temps-là, nous n’avions ni vélo ni moto alors ; pensez, prendre le car pour nous, quelle belle aventure, pouvoir participer aux festivités de Lavérune ou de Nissan Lez Ensérune ! Que dire de Cavaillon avec un morceau musical choisi, le petit biterrois, le carnaval d’Aix en Provence comme musique d’honneur. Plus loin encore, pour la première fois, quitter la France pour Lausanne. A notre répertoire s’ajoute un morceau imposé : la fête du clairon Roland. St Valéry sur Somme pour rejoindre Ostende avec tambours et trompette, on se faisait entendre. Pour moi, c’est quelques temps après que ce sont arrêtées là ces merveilleuses années. Nous étions alors dans les années cinquante. 24 ans plus tard fut créée l’amicale des anciens de l’étoile bleue. Nous fûmes nombreux à répondre présent.
Mais c’est toujours avec un pincement au cœur que nous voyons en défilé ou en concert ces jeunes maintenant musiciens issus de cette belle famille, on pourrait dire la famille Bonnet dont le père, il y a 48 ans, nous quitta à jamais. Avec des mots comme lui prononcés (des mots simples, sages et pleins d’amour) nous voulons tous ensemble lui dire : « Père, vous qui êtes sûrement dans les cieux, bien caché dans un coin de ciel bleu, vous pouvez être fier de votre étoile bleue. Si hier, nous, les anciens avons eu la chance de connaître ce prêtre, jeunesse aujourd’hui, c’est à vous que revient l’honneur de le représenter. Que demain soit, pour tous un bonheur partagé. Ni anges, ni démon , nous étions et nous restons vos garçons ».
Quand Marie-Jo prépare le couscous
Le couscous de rue est une innovation du quartier des Saints, au cœur du faubourg Figuerolles, à Montpellier. La recette est simple : prenez une petite rue tranquille, ici la rue Saint Antoine, cinq voisins qui se font plus ou moins face, une association (Drôle de Figue), une cuisinière tip-top et son mari (Marie-Jo et Didier), des chaises et des tables que chacun amène. Bloquez la rue avec votre voiture avant que d’autres ne le fassent comme chaque soir, laissez un espace au bon endroit pour installer les convives, faites passer le mot et prenez les inscriptions en vous limitant à vos capacités (ici, c’était 25). Et ça donne du bonheur massif. En plus, le temps était clément. Le monde a été refait en long, en large et en travers. Ce qui a beaucoup plu aux couscoussiens, c’était bien sûr de s’approprier l’espace public habituellement abandonné aux véhicules, mais c’était aussi le simple fait de se parler entre voisins autour d’une performance culinaire en se faisant goûter ses bonnes bouteilles : pastis espagnol, rhum de l’île Maurice, rouge de Berlou, vin de noix maison et j’en passe. Avec modération, bien sûr. Alors, tout le monde s’est quitté à regret, mais après avoir pris rendez-vous : vendredi 26 septembre, à 19 h, square Coursindel pour la pétanque (ouvert à tous) ; dimanche 5 octobre, rue du Père Fabre, pour un vide-grenier ; un autre couscous ou paella ou autre chose aux alentours du 20 septembre 2009, et beaucoup plus si affinités.
Une curieuse tribu se rassemble maintenant au son des boules de pétanque, des barbecues et trinque à la santé de la joie de vivre dans les petites rues du quartier des Saints, investit des lieux jusqu’alors inutilisés, tels le fameux square Coursindel qui devient un atout majeur pour la vie conviviale. Pas d’autres ambitions que celles des rencontres, sans grands préparatifs, tout est plus ou moins improvisé : on prend ce qu’on a chez soi et on descend. En plus, ça marche, et si ça vous séduit, vous serez toujours le bienvenu.
Didier au service...
Marie-jo, la cuisinière...
Ce dimanche 5 octobre, l’association Drôle de Figue avait organisé un vide grenier en plein quartier Figuerolles, rue du Père Fabre. Une rue pleine d’exposants en quasi-totalité venus des maisons alentour. Des visiteurs en grand nombre : il était parfois impossible de circuler. D’autant plus que, comme presque tous se connaissaient ou connaissaient quelqu’un qui connaissait les autres, les discussions allaient bon train, tout comme les retrouvailles. « Mais ça faisait plus d’un an que je ne t’avais pas vu » entendait-on ici ou là. Et c’était parti pour s’échanger des nouvelles de la famille, raconter ses vacances ou la dernière bien croustillante qui est arrivée aux voisins… Comme beaucoup de garages étaient ouverts, ce fut l’occasion pour les anciens de raconter le passé, parler des anciens habitants. Ainsi, Pierrot et Joachim, qui tenaient la buvette, apprirent que la cour que leur avait aimablement prêtée par Marc et Estelle, les propriétaires, pour y remiser le matériel, avait jadis abrité un cordonnier et même qu’un figuier dont tout le monde se souvenait y poussait ; mais ses racines destructrices avaient contraints les habitants à l’abattre.
Au final, une manifestation qui a réuni le « village » de Figuerolles et ses amis. Curieux phénomène, surprenant, à l’heure où les modes de vie urbains semblent effacer les identités dans de toujours plus grandes manifestations culturelles ou commerciales, il existe toujours, ici et ailleurs, un petit village qui résiste…
A Montpellier, le centre du monde gitan se trouve rue Dom Vaissette, une rue parallèle au Cours Gambetta, derrière la CPAM. C’est là que se joue un travail complexe, orchestré par une union de partenaires institutionnels. Des enseignants, des associations, des bénévoles y mouillent quotidiennement la chemise afin d’améliorer les relations entre les familles gitanes et les groupes sociaux qui les entourent, avec comme objectif principal : « la préparation à la vie active des jeunes ». Un travail d’une grande intelligence et d’une remarquable finesse, qui sait éviter la mise en scène au profit d’un travail axé sur l’épanouissement des personnes par la reconnaissance des modes de vie. Qui plus est, le Centre Gitan produit du savoir-faire réutilisable et disponible au sein de son centre ressource. Mais pris dans un tourbillon de problèmes financiers, il s’est retrouvé menacé de fermeture. Nullement découragés, Chantal Delmas et son équipe sont montés au créneau. Et c’est la victoire ! Explications.
C’est Christiane Fourteau qui représentait la ville de Montpellier, et Christian Bouillé le Département. Ils ont été tous deux très clairs : le Centre Gitan, ça continue, et pour longtemps. Pour les entendre confirmer publiquement le soutien fort qu’ils avaient décidé d’apporter à la structure, le Centre Gitan avait organisé une petite soirée festive ce jeudi 19 juin. Un grand moment : musique, petits fours, sangria et rencontres. Toute la semaine avait été active : braderie, exposition, kermesse…
C’est donc sous un tonnerre d’applaudissements que furent accueillis les discours de nos élus. Les acteurs du Centre Gitan étaient manifestement émus. Ils avaient très mal vécu une période angoissante durant laquelle il leur semblait que toute cette masse de travail, de réflexion, de relation, de documentation et d’analyse qu’ils avaient menée allait sombrer corps et biens, tragique Titanic du travail social. Eh bien, non, justice était rendue, l’heure était à la joie et au flamenco de Figuerolles, avec le groupe Los Compares, d’une qualité musicale extraordinaire.
Il faut quand même un peu détailler et illustrer ce que produit le Centre Gitan. Tout d’abord, on y trouve l’école gitane qui pratique la re-médiation scolaire et la formation à la vie sociale et professionnelle. Ensuite, la formation adulte : il s’agit d’accompagnement social individuel vers l’emploi. Mais au travers de tout cela, on joue aussi un rôle de cohésion sociale sur les quartiers. De plus le Centre Gitan a su développer un très complet et ouvert centre de ressources documentaires en réseau sur la culture gitane (qui va encore s’étoffer). Au final, un lieu unique, permettant la formation d’adultes relais, offrant une expertise professionnelle de premier plan : connaissance pointue de la microsociété gitane ; lieu d’observation, de transmission, de connaissances et d’expérimentation. C’est donc une structure, et nos élus s’en sont aperçus, qui dépasse de très loin le niveau local : elle représente bien un enjeu national, démontré par la venue récente de représentants du Ministère de l’Education Nationale, mais elle a aussi valeur internationale, comme en témoignent ses derniers échanges avec Barcelone ou encore Budapest.
Si nous avons détaillé, maintenant illustrons. Parmi les innombrables productions du Centre Gitan, l’une d’entre elles a attiré mon attention. Il s’agit d’un magnifique petit ouvrage réalisé en 2004 par les élèves de l’école, dans la classe de Cécile Castille, et en association avec les ateliers d’arts plastiques animés par Isabelle Marsala. Ce livret s’intitule : « Qui suis-je » ; chaque enfant s’y présente. En voilà quelques morceaux choisis :
« Je m’appelle Vanessa, je vais avoir 16 ans et je suis toujours à l’école gitane avec toutes mes copines et cousines de mon quartier. J’ai les cheveux noirs, je vis au faubourg Figuerolles avec ma mère et mes deux frères, entourée de toute ma famille. En dehors de l’école, j’aime m’amuser, rire, parler avec mes copines, aller en ville, promener dans le quartier. Quand je serai grande, j’aimerais être vendeuse ou alors rester à la maison comme ma mère. Et si je n’étais pas gitane je ne changerais pas ma vie ».
« Je m’appelle Cynthia ; j’ai 12 ans. Je suis petite, aux yeux marrons et mes cheveux sont bruns. Je m’habille souvent de rose. J’habite la Cité Gély dans Montpellier. J’aime beaucoup la musique. Mes couleurs préférées sont le bleu clair et le rose pâle. J’ai trois frères. J’aime être avec mes copines. Je suis élève à l’école gitane. Si je n’étais pas gitane, je ne sais pas qui je serais ». A la même question, difficile, quelques autres réponses : « Si je n’étais pas gitane je serais morte » (Lydie), « Je serai Algérienne » (Katia), « Je serai Française », (Célia), « Je serai Italienne » (Alice) …
Contacts : APAJ Centre Gitan, 6 rue Dom Vaissette 34000 Montpellier. Tel. 04 67 58 14 50 ; Los Compares (flamenco) : 06 69 31 13 26
A l'heure où le square Coursindel se crée une identité de terrain de pétanque, il nous fallait rendre visite à son grand frère, aux arceaux, à quelques rue de là, où tant de choses se sont passées. De la foire aux chevaux ou foire aux ânes, de la foire aux manèges au marché aux puces, il y aurait beaucoup à raconter...
Telle qu’on la joue aux arceaux, la pétanque vient de fêter son centenaire. En effet, c’est en 1907 qu’à La Ciotat, un champion de jeu provençal, Jules Hugues dit « le Noir », qui ne pouvait plus jouer à cause de ses rhumatismes, s’est mis un jour, à tracer un rond, envoyer le but entre cinq et neuf mètres, et, « pès tanqués », pieds joints (en occitan provençal), à jouer ses boules pour les mener le plus près possible du cochonnet… Il va ainsi réussir à faire admettre à ses copains qu’à partir de ce jour, on allait jouer comme ça avec lui et, encore mieux, son idée va faire le tour du monde. Fin 2007, on ne comptait pas moins de 900 000 licenciés dans près de 80 pays (sans compter les non licenciés, bien sûr).
En fait, avant d’être la pétanque, le jeu de boules est un loisir qui date de l’antiquité, pratiqué en Egypte, en Grèce, à Rome (avec des boules en argile, en pierre ou en bois) et sera adopté par nos ancêtres les Gaulois. On en retrouve des traces durant les croisades. La Renaissance en sera l’âge d’or et la médecine en souligne même les avantages, à tel point que la noblesse va confisquer ce jeu. Il faudra attendre la nuit du 4 août 1789 pour que le peuple, avec l’abolition des privilèges, retrouve le droit de jouer au boules. En 1904, un alsacien (Félix Rofritsch) entreprit la fabrication des premières « boules cloutées » (en bois recouvert d'une carapace de métal, formée de clous) dans son atelier de la rue des Fabres, à Marseille, sous le label de « La Boule Bleue ». La première boule entièrement en acier aurait été fabriquée en 1927 à Saint-Bonnet-le-Château, qui abrite à présent le Musée International Pétanque et Boules.
Alain Bel est né rue Marioge, quartier des Arceaux, à Montpellier, en 1950. Pétanquiste depuis toujours, c’était la personne idéale pour répondre à nos questions indiscrètes quand à ce sport mythique. « Ici, c’est le Temple des boules, nous dit-il ; il s’y est joué les plus grosses parties d’intérêt jamais vues, avec les meilleurs parmi les meilleurs. Des tireurs comme Jean Ramel, ou encore Joseph Vedel qui affrontaient les flambeurs les plus téméraires ». Si aujourd’hui, l’espace bouliste s’est considérablement restreint, Alain Bel nous explique que jadis, il occupait beaucoup plus d’espace : « Ces grosses parties se déroulaient en bas, en face du château d’eau, le long de l’aqueduc. Il y venait un monde fou, au spectacle. Et si on voulait jouer, il fallait arriver tôt pour pouvoir avoir une place ! »
Pour Alain, la raison essentielle de la chute de fréquentation, c’est l’arrivée de la télé : « Les gens se fabriquent une vie d’une tristesse incroyable ; ils ne sortent plus, ne se rencontrent plus, n’ont plus de relations ». Et puis, jadis, il y avait ces enjeux, ces mises qui étaient parfois énormes. Et on me donne des exemples impressionnants : « Certains ont tout perdu, mais il ne faut pas dire leur nom dans le journal, par respect pour les familles ». A la question des paris, tous sont formels : « Aujourd’hui, plus personne ne mise des sommes pareilles. On n’a plus les moyens. Seulement, pour que les parties aient un peu de piment, on met en jeu des petites sommes, 5 euros pour les bons, 2 pour les moyens, et rien du tout pour les débutants ».
Alain Bel nous explique ce qu’est un flambeur, celui qui perd toujours gros : « Un flambeur, c’est un joueur qui joue au dessus de ses moyens ; qui aime se faire peur, qui veut épater la galerie ». Pourtant, il y a une ancienne convention, toujours de mise : comme les joueurs se connaissent, quand un flambeur de bas niveau affronte un haut niveau (il y a là beaucoup de champions titrés), il peut obtenir des points d’avance. Parfois jusqu’à 11 ! Cela n’empêchait pas les champions de commettre des erreurs historiques, telle celle commise par le surnommé Quiquette, de Figuerolles : « Je jouais contre Le Rouge, un maladroit terrible. Il fallait qu’il tire ma boule. Je lui ai dit que j’étais tellement tranquille que j’allais poser ma montre dessus. Et bien c’est sûrement la seule boule qu’il ait jamais touché de sa vie. Il a complètement explosé ma montre ! ». Et tout le monde en rit encore…
Au final, un réseau de copains extrêmement ouvert, qui vous attend tous les après-midi, si vous réussissez à vous décoller de la télé, pour le cadre des Arceaux et de ses platanes, ou vous pourrez rencontrer et écouter ces mémoires vivantes que sont les anciens joueurs ou spectateurs, sur le terrain même où est décédé le célèbre Jean Ramel, terrassé par une crise cardiaque en pleine partie. Seule ombre au tableau, le peu d’entretien de cet espace : « On est obligé de nettoyer nous même les détritus que les gens laissent la nuit. Le WC est bouché depuis des mois, les tourniquets sont tout tordus. On aimerait bien que les services municipaux passent plus souvent ».
L'Hérault du Jour, samedi 4 avril 2009.
Arts plastiques et musique pour sauver les pizzas : le Repalatin au centre du monde
Le Repalatin est une institution. Ce petit restaurant (12 places assises) est le haut lieu de la pizza, de la tarte salée et de petits plats du jour extraordinaires. Il se situe 42, rue du faubourg Figuerolles (tel: 04 67 92 27 85) et rassemble une tribu pas ordinaire. Le chef d’orchestre, Christian, personnage haut en couleur, y officie avec un talent consommé (sans jeu de mots). Sa pizzeria occupe le local d’une ancienne mercerie que les enfants du quartier connaissaient bien : elle vendait surtout des bonbons. C’est donc un lieu historique pour y célébrer les petits plaisirs gourmands. Il faut aller y faire un tour : l’intérieur est à la hauteur de la réputation : des œuvres d’art de poche, pourrait-on dire de certaines, en garnissent les murs, les étagères. La musique diffusée toujours de haute qualité, des prix serrés, du vin de bon cru. Et puis, il y règne une atmosphère spéciale, inimitable (si Christian lit cet article, connaissant son caractère, nous aurons droit à la célèbre réplique d’Arletty…). Toujours est-il qu’une tourmente avait quelque peu perturbé l’équilibre fragile du lieu. Alors, la tribu des amis du Repalatin a décidé d’organiser un après-midi festif au Secret Place, le 17 mai, avec spectacle de clowns, concerts et vente aux enchères au profit du Repalatin d’œuvres d’art offertes par une impressionnante liste d’artistes. « Ils étaient venus, ils étaient tous là, elle ne va pas mourir la pizzeria ! » pourrait être une conclusion de ce dimanche après-midi vraiment tout à fond…. Les photos, maintenant.
Gildal
KC Jones
Sous le beau temps, rue Saint Antoine, apéro, grillades, rencontres, gâteaux et projets. la suite en images.
Les 18 et 19 juin 2009, se tenaient à Paris, à la Sorbonne (Université Paris Descartes), les journées du CEAQ, le Centre d'Etudes sur L'Actuel et le Quotidien. Il s'agissait de parler de "Socialité Postmoderne" et d'y présenter l'état des recherches mondiales. C'est dans ce cadre que le quartier Figuerolles se retrouvait ainsi en quelque sorte à la une parisienne, et qu'y a figuré ma contribution, qui est une première approche des travaux que je mène et que vous suivez sur ce site, travaux poussuivis dans le but de comprendre ce quartier, mais aussi de permettre à d'autres d'analyser et de comprendre des quartiers ou des structures aussi complexes que celui là. En fait, il s'agissait de présenter les premiers pas d'une méthode de travail que je voudrais réutilisable. Ma contribution s'intitulait ainsi : " Producteurs, consommateurs et décomposeurs : le cas du quartier Figuerolles à Montpellier" . Pour en savoir plus, n'hésitez pas à me contacter. Quelques images, pour ressentir un peu l'ambiance de ces folles journées...
De gauche à droite : Patrick Tacussel ; Serge Moscovici ; Michel Maffesoli ; Patrick Watier.
Visiter le site du CEAQ d'un clic.
Les 25 et 26 novembre 2010, organisé par le CERIC, la question de l'éthique dans la pub et les médias a été examinée par des spécialistes du monde entier. (A noter ma participation à cette rencontre, pour un exposé intitulé : "Convaincre et persuader, qu'est-ce que ça coûte ?". (Me contacter pour en savoir plus).
Le colloque était organisé par M. Denis Benoît, directeur du CERIC (photo de droite).
M. Raymond Couderc (au centre, photo du haut), le Maire de Béziers, a accueilli les participants .
En savoir plus d'un clic :
Le programme détaillé ou encore :
L'article paru dans L'Hérault du Jour le 21 novembre 2010.
Un projet d'écriture de l'histoire du Faubourg Figuerolles est en cours. Il a été présenté le 16 décembre, à 16 h au 100 faubourg Figuerolles. . Lire le dossier de presse.
(Midi Libre. Edition du jeudi 16 décembre 2010, Chicxulub n°27, et Midi Libre samedi 8 janvier 2011)
Avis à la population : vos souvenirs valent de l'or ! En tout cas, ils sont très précieux. Certes, la présentation officielle de l'opération sera faite cet après-midi mais Thierry Arcaix, ce natif du quartier, a d'ores et déjà commencé à lever le voile sur le projet.
L'idée est simple : publier un livre sur l'histoire de Figuerolles, parce qu'anciens comme nouveaux habitants « ont tous un point commun : ils sont attachés à ce lieu, à sa force, à sa nature complexe, qui oscille entre agressivité et complicité, entre incivilité et solidarité, entre rejet et respect ».
Auteur déjà d'un opus profond et décalé sur la ville, Montpellier de A à Z, Thierry Arcaix espère ainsi collecter anecdotes et documents, souvenirs et photos pour donner à l'ouvrage ce petit supplément d'âme. Sa parution devrait être actée pour le mois de juin prochain. « Outre la publication de vos œuvres et documents, une exposition aura lieu, début décembre 2011, à la galerie Saint-Ravy », indique-t-il encore. Une bien belle page qui s'ouvre...
Un autre excellent article, dans le Midi Libre du samedi 8 janvier 2011, intitulé : Thierry Arcaix enquête pour traquer l'âme de Figuerolles : cliquer ici
16- Vème Printemps du Livre à Lattes 2015
Cliquer ici pour lire l'article que lui a consacré l'Hérault du Jour le dimanche 5 avril 2015
mél : thierry.arcaix@wanadoo.fr ; tél : 06 23 10 62 21