Pascale Faure est docteur en anthropologie, chargée de cours à l’IRTS. Elle nous fait part du diagnostic et des préconisations qu’elle porte sur le quartier Figuerolles à la lumière de ses études universitaires et de son vécu.
« Je tombe amoureuse du quartier en 1980, lors de mes études universitaires. Je décide d’y consacrer ma thèse de doctorat en anthropologie. J’avais travaillé en milieu associatif à l’inserion de la population gitane de la Cité Gély, puis auprés de la population maghrébine à la Pergola et à la Cité Paul Valéry. C’est là que j’ai compris le rôle important que joue le plan Cabanes, que j’ai compris la dynamique du quartier.
C’est un endroit exemplaire parce que les populations essaient de vivre ensemble autour des espaces publics, des boutiques et des terrasses. Pas de violences directes : les faits divers sont des réglements de comptes internes, pas des guerres entre communautés. Il y a des relations spécifiques entre individus. Les gens se voient, se reconnaissent. Les boutiques sont identifiées. S’il y a un regret des marques anciennes, tout le monde reconnaît l’apport dynamique de la population maghrébine. Quelque part, elle a aidé à l’intégration de la population gitane : le regard s’est déplacé. Les conflits réels qui régnent à la cité Gély ne sont que très peu perçus par le bas du faubourg.
Un mode de vie se perpétue : c’est un milieu populaire ; la relation à l’autre y est plus simple, plus spontanée. C’st un phénomène unique : Figuerolles est le seul quartier de Montpellier à vivre ainsi. Boutonnet, les Beaux-Arts n’ont pas cette force. Ici, tout converge : l’architecture, les solidarités, l’histoire, les gens. Il faut absolument garder cette vie populaire. C’est aussi le seul quartier où l’on n’est pas dans l’anonymat. Il s’y crée du réseau, du lien social. Les élus ont envie de réguler un quartier dans ce qu’il peut avoir de dysfonctionnant . Ce quartier est extraordinaire, mais fragile. Une fragilité qui peut vite basculer. Les élus ont une lourde responsabilité, ils courent le risque de casser la vie sociale par une réhabilitation maladroite. Mais elle est nécessaire face au deal, au chômage, aux marchands de sommeil, problèmes qui dépassent largement le quartier.
L'universitaire Pierre Villa, avec l'Association Amitiés et Echanges MAUGUIO-LORCA, est l’auteur d’un livre remarquable sur la guerre civile espagnole, qui sera l'un des événements historiques majeurs expliquant l'arrivée d'immigrés espagnols à Figuerolles.
« Jusqu’en 1914, nos compatriotes venaient déjà travailler en France, mais après la guerre de 14, il en viendra beaucoup plus en raison du manque de main d’œuvre. Je vous donne un exemple : en 1938, on sait qu’il y avait 800 chevaux à Mauguio. Il faut savoir qu’autour d’un cheval, il y a trois personnes qui travaillent : le charretier et deux ouvriers (sulfatage, récolte, etc.). Il y aura au final trois fortes vagues d’immigration espagnole : après la guerre de 14, après la guerre civile espagnole, puis au début des années 60.
En février 1939, il y avait 470 000 réfugiés aux frontières du Perthus. 300 000 soldats et 170 000 civils de tout âge : des femmes, des enfants, des bébés, des vieillards s’ajoutaient aux hommes valides et aux blessés. Ce mois de février a été très froid, avec de la neige. Il y aura 10 000 morts la première semaine. La France n’avait pas prévu les choses qui se sont passées : elle pensait que les républicains se rendraient aux franquistes, mais pas qu’ils allaient venir en France. Les premiers seront évacués vers l’intérieur, en Bretagne, dans le Massif Central. Puis, le plus grand nombre sera réparti sur les plages du Roussillon, en Cerdagne, dans le Vallespir. A Argelés, 110 000 personnes, qui luttaient contre le froid en faisant des trous dans le sable…
Une grande partie de ces réfugiés sont repartis en Espagne. Ils étaient humiliés ; ils se sont vraiment sentis méprisés. Tous les leaders politiques étaient fichés et gardés dans les camps. Certains réfugiés ont pensé que ça ne pouvait pas être pire pour eux de l’autre côté des Pyrénées. Il faut savoir qu’en 1931, la France avait été un modèle pour eux. Ils en avaient pris sa devise, Liberté, Egalité, Fraternité et son hymne national, La Marseillaise. Mais les français les rejettent car ils estiment qu’ils prennent des emplois qui leur reviennent. Ce sera comme ça jusqu’à la guerre, où là, on aura besoin d’eux. 50 000 s’engagent dans les mines, l’industrie forestière, les travaux publics.
Au début des années 60, le bâtiment crée un important appel d’air. Cela coïncide avec les énormes problèmes économiques que connaît l’Espagne à cette période. Le franquisme en a failli s’écrouler. Les espagnols émigrent à ce moment là dans deux directions : l’Allemagne ou la France. Les conditions d’emploi sont meilleures en Allemagne : les syndicats plus forts faisaient mieux respecter les droits du travail. Mais comme beaucoup ont déjà de la famille en France, ils préfèrent ce pays. Au début des années 70, il n’y aura quasiment plus d’immigration de jeunes espagnols : les salaires s’améliorent en raison du développement du tourisme. Il y avait aussi une immigration espagnole ponctuelle, pour les travaux saisonniers. On se souvient des vendangeurs, c’est récent. Cette immigration était en lien avec une tradition espagnole, qui veut qu’on ne se marie pas tant qu’on n’a pas un toit. On va donc chercher l’argent nécessaire à l’étranger, pendant que la future épouse constitue le trousseau. Beaucoup ne cherchaient pas à rester définitivement et dépensaient le moins possible durant leur séjour. Ils emportaient souvent avec eux tout ce qu’il leur fallait (nourriture, tabac, etc.) car c’était moins cher en Espagne.»
Il y a encore des êtres obstinés dans ce monde qui croient en la Poste. Il y a encore des esclaves de l'écrit qui poussent leurs stylos comme on pousse une charge surhumaine sur le long papier-lettre de la vie. Il y a encore en ce monde cynique et surdimensionné quelques petites gens qui écrivent des lettres d'amour. Et moi je me pose toujours là, sur la terrasse d'un café, à proximité d'une boite à lettres, et je les regarde, je les regarde déposer leurs courriers. Il y a ceux qui laissent leurs enveloppes tomber dans l'orifice sans la moindre hésitation. Ceux-là n'ont rien à voir avec les gens que j'observe. La plupart du temps il s'agit pour eux de satisfaire la poursuite d'une démarche administrative. Une commande à la Redoute. Une facture à payer. Ils repartent sans reprendre leurs souffles, ils se feront écraser plus loin par le trente-huit tonnes de leur ennui mortel. Ce sera dans l'ordre des choses. On n'en reparlera plus. Mais il y a toutes ces mains qui tremblent, qui hésitent un instant avant de déposer leurs courriers. Il y a ces regards une fois la chose faite. Ces longs regards vers le ciel comme s'ils voyaient déjà leurs courriers s'envoler. A l'heure où la plupart des enfants envoient des e-mails au père-noël, il y en a encore qui goûtent avec délice la colle d'un timbre comme on tremperait son doigt dans une confiture oubliée sur la table. Et moi, moi je n'ai jamais su écrire autrement que sur un clavier d'ordinateur. Et moi, moi je n'ai jamais écrit de lettres d'amour véritable. Moi, je n'ai reçu de mes amies que quelques textos ambigus pour émailler ma sexualité morose. Et je ne crois plus au Père Noël depuis le CE2. Alors je les regarde, je les regarde déposer leurs courriers, et j'aimerais être comme eux.
Aujourd'hui je me suis posé devant un thé à la menthe, dans le quartier Figuerolles. Je me suis assis devant la boîte à lettres au coin de la rue Baru, comme on s'assoit devant les limites ultimes de la désespérance. Et devant moi j'avais l'impression de voir un être vivant. Un oiseau pris dans le pétrole qui se débat encore, condamné. Car la boîte à lettres au coin de la rue Baru est la boîte aux lettres la plus pourrie du monde. Elle est couverte de fientes d'oiseaux sur plus de cinq centimètres. Les excréments acides ont coulé sur ses flancs en longs stalactites marrons. Elle n'est presque plus jaune. C'est comme si le Golem s'était torché avec un canari. Par dessus tout cela, comme une cerise en décomposition posée sur un gâteau moisi, il y a une vieille épluchure de clémentine, verte, posée là comme une couronne mortuaire sur un vieux caveau de caca d'oiseau. Au fond, près du mur, gît encore un vieux paquet de cigarettes vides, pris à mis corps dans cette gangue, comme un iceberg rouge dans un océan de merde gelée. Il se dégage de ce tas d'ordure comme une énergie infinie. Elle paraît radioactive cette boîte à lettres. Le facteur doit certainement enfiler une combinaison BCR pour venir la vider. Comment est-il possible de laisser une boite aux lettres dans un tel état ? Et dire qu'il doit y avoir à Antigone, des boîtes à lettres design, signé par Garouste, en acier inoxydable, qui abritent en leur sein le vide méprisant des pensées minables de la petite bourgeoisie Montpelliéraine. On doit les astiquer six fois par jour comme on astique le membre viril d'un joli moloch charmant. Et on laisse à Figuerolles les boîtes à lettres se couvrir de merde, d'une telle quantité de merde qu'elle paraît même exploitable. C'est un gisement grandiose ce qui recouvre la boîte à lettres de la rue Baru. On doit tirer de cet endroit un guano de grande qualité. Il faudrait en mettre dans nos poches, comme les prisonniers des quartiers populaires, et chaque fois qu'on traverserait les Galeries Lafayette, on en laisserait tomber. Et il se développerait sur le sol de tous magasins bourgeois des mousses et des lichens, sur lesquelles les familles viendraient pique-niquer pour profiter des RTT. Mais il n'y a pas de vase communiquant pour la merde. La merde, faut toujours qu'elle s'accumule quelque part. Figuerolles c'est le papier-cul de Montpellier. Et le papier-cul de Figuerolles, c'est la boîte à lettres de la rue Baru. Dire que c'est par là probablement que les vieux arabes du quartier envoient leur argent au pays. Il doit y avoir sous cette tartine de crottin des magnifiques lettres d'amour qui hurlent : « Oh ma chérie, oh mon amour, comme je t'aime, sous mon toit de fiente épaisse, comme je t'aime, sous ma carapace d'excrément, de chiasse, de plume et de petit duvet, comme je t'aime du fond de ma petite enveloppe terrorisée par les pigeons ! » Petit papa-noël, toi qui descendras du ciel, amènes-nous des éponges par milliers…
Elle s'est arrêté au milieu de la rue, cette voiture. Et l'enfant dedans, il est sorti. Il avait l'air content, sa petite lettre à la main. Mais quand il a vu la boite à lettres, il n'avait plus l'air content du tout. Elle s'est mise à hurler, la maman dans la voiture. Il avait l'air embêté, sa petite lettre à la main. Il regardait la boite à lettres, il regardait sa maman. Et elle s'est remise à hurler, la maman dans la voiture. Il avait l'air de vouloir pleurer, sa petite lettre à la main. Il faisait non de la tête, il ne voulait pas la mettre là-dedans. Alors la mère dedans, elle est sortie. Elle lui a prise la lettre des mains, et elle l'a mise dans la boîte. Dans la boîte à lettres, au coin de la rue Baru.
Comme je le comprends ton caprice, mon petit. Comme je n'aimerais pas, moi non plus, introduire ma lettre au père noël dans ce trou puant. Ce n'est plus de la correspondance à ce stade, c'est du fist-fucking. Comme je le comprends ton caprice, mon ange. Tes joujoux par milliers sont couchés sur le papier, et on dirait que ce cloaque jaunâtre les digère peu à peu. Mais ne t'inquiètes pas mon petit, je les surveille, tes joujoux. Je veille à ta lettre, comme le marchand de sable veille à ton sommeil. Ou comme le père fouettard veille à ton éducation. Ou comme le père noël veille à tes futurs joujoux. Tu ne me connais pas encore. Pourtant je suis un personnage mythique venu du fond des âges et du fond des bistrots. Connais-tu mon nom ? Je m'appelle le père glandeur. Nourri de demi et de RMI, je veille aux lettres des enfants car je n'ai rien d'autre à foutre en ce monde. Je suis le père glandeur et boire me donne des pouvoirs magiques. Le savais-tu ? Quand j'ai trop bu, j'ai le pouvoir de tout multiplier par deux. On dit que je vois double. C'est faux. Je vois pour toutes les choses de ce monde son partenaire obligé. Et quand je me regarde dédoublé, je ne me se sens plus si seul. Et quand je regarde la double-merde accrochée au coin de la rue Baru, je vois plus de lettres dedans. Ca multiplie les souhaits des enfants, et les lettres d'amour, et l'argent envoyé au pays. Tu auras deux panoplies, deux grues, deux gameboys ou deux smigs. Tu auras deux copines, comme Papa. Tu auras une famille bi-parentale, comme tout le monde. Ou si tu as déjà deux papas, tu en auras quatre. Tout le monde aura deux demis car c'est ma tournée. Mais je veux que tout le monde chante, mon enfant, que tout le monde chante avec le père glandeur, sa petite chanson désespérée. Le facteur n'est pas passé. Je crois qu'il ne passera jamais. Lundi, Mardi, Mercredi, Jeudi, Vendredi, Samedi. Dimanche. Non, le facteur n'est pas passé. Je crois qu'il ne passera jamais. Lundi, Mardi, Mercredi, mais Jeudi Après-Midi il s'est passé quelque chose.
Oui, Jeudi Après-Midi il s'est passé quelque chose. Sur la chiasse colique du temps, il s'est passé quelque chose. Sur la diarrhée lente de mon attente, il s'est passé quelque chose. Sur la colombine accumulée, un volatile immaculé s'affairait. Il avait tout l'air d'un pigeon. Un pigeon tout blanc. Un pigeon qui me regardait, connement, en roucoulant. Un pigeon de la race de ceux qui ont vu du pays. Oui, c'est bien cela, un pigeon voyageur. Habilement il passait sa tête par l'ouverture, et il attrapait le courrier. Et chaque lettre ainsi sortie, il la plaçait sous son aile. Il aurait eu une gitane maïs dans son bec, je n'en aurais pas été moins surpris. Et le plus fascinant dans tout cela, c'est qu'en même temps il se vidait la tripe. Chaque fois qu'il tendait le cou pour attraper une nouvelle lettre, à l'autre bout, comme si l'effort effectué décontractait ses sphincters, il lâchait une fiente. Mais d'une façon très professionnelle. Très digne. Sans jamais tacher le courrier, ni son bel uniforme de pigeon consciencieux. Il déféquait naturellement, comme si c'était de son trou du cul qu'il tirait toute son ardeur. Et sous son croupion, sur la boite à lettres au coin de la rue Baru, la merde s'accumulait, comme l'unique témoignage de son dévouement exemplaire. Car il y a encore des êtres obstinés dans ce monde qui croit en la Poste. Des pigeons de l'aéropostale où je ne sais quoi. Des Saint-Exupéry emplumés. « Le conducteur de peuple, qu'il écrivait dans Vol de Nuit, eut pitié, immensément, de sa mort. Pas de sa mort individuelle, mais pitié de l'espèce qu'effacera la mer de sable. Et il menait son peuple dresser au moins des pierres, que n'ensevelirait pas le désert. » Est-ce cela, pigeon, que tu construis en chiant sur la boîte à lettres de la rue Baru ? Est-ce elle, cette pierre que n'ensevelirait pas le désert ? Si tel est le cas, je demande à tous les Montpellierains de respecter ton oeuvre, et de ne jamais, ô grand jamais, nettoyer la boîte à lettres au coin de la rue Baru. Car dans sa gangue de fiente, la boîte à lettres de la rue Baru restera, monolithe fécal, là où l'âme de l'homme a déjà disparu.
Jordi, tordeur d'histoires, 06 81 02 44 86
Dans un quartier comme Figuerolles, il se dit et il s'écrit parfois des choses extrêmement drôles. Au bar, mais aussi à l'école, où tout le monde participe d'une façon ou d'une autre. Alors des auteurs de renom ont saisi cette forme de trait d'esprit et l'ont fixé sur le papier. Je vous les signale, et je vous présente un court extrait de leur oeuvre, après avoir pris avis de copains ayant fréquenté les débits de boisson où l'on cause et d'instits ayant travaillé dans le quartier. Tous se sont bien amusés et ont bien cru reconnaître là des "moments de vie" tout à fait figuerolliens...
Jean-Marie Gourio a passé 15 ans de sa vie à recueillir dans les cafés toutes ces paroles populaires délivrées avec malice par des clients facétieux dont le degré d’éthylisme restera indéterminé. Par contre, quel plaisir à la lecture de son recueil. (Gourio J-M, Brèves de Comptoir, Bouquins, Robert Laffont) Je vous en livre une petite mise en bouche, avec cette entrée en matière tonitruante :
Si on est pas au bistrot pour dire des conneries, on va les dire où ?
Alors, ils vont en dire, et des grosses, nos compères. Ecoutons- les :
- Je t’embrasse pas, j’ai la gueule de bois, je vais te flanquer des échardes.
- Ouais. Moi, je vais pas mettre des petits nains dans mon jardin, j’ai de la place. Je vais mettre des petits géants.
- Je vois pas de quel droit cette main là c’est la droite et cette main là c’est la gauche ! Les pieds c’est pareil ! On nous a dit ça, du coup, nous, on suit !
- Moi, j’ai un pied qui sent plus que l’autre. C’est normal ça ?
- Va pas t’imaginer que je m’en fous, mais remarque c’est vrai que je m’en branle un peu.
- Tu peux être très con et très intelligent en même temps, si t’es malin. - T’auras beau m’expliquer dix mille fois, si je veux pas comprendre, je veux pas comprendre. Je suis pas une girouette, moi !
- On est comme les globules dans le sang, et dans le sang, tous les globules ne travaillent pas, il y en a qui flottent et c’est tout….
- Tu peux me traiter de tout ce que tu veux mais pas de fainéant, y’a que ma femme qui a le droit !
- Mange pas tant de chewing-gum, ça va te faire des trous dans les caries. - Tu n’es qu’un misérable con !
- Admettons, mais dans ce cas là tu vas au bout du comptoir, c’est pas la place qui manque ! La discussion continue, amère :
- Même le jour de ma mort, je croirai pas en Dieu. J’attendrai le lendemain, pour être sûr.
- J’aime pas les gens heureux ; ça regarde les gens malheureux en disant : faites comme nous, soyez heureux… Connards !
Lecture du journal : - Les statues de l’île de Pâques continuent à être un mystère pour les scientifiques. Faut se mettre à leur place, pour deux briques par mois ils ont intérêt à comprendre le plus tard possible. Moi aussi, à ce prix là, je comprendrais pas !
- Un produit qui nettoie tout du sol au plafond, ça peut plaire qu’à des gens qui sont sales du sol au plafond.
- Tu te rends compte, les mutins avaient réussi à prendre le directeur de la prison en otage !
- Je te foutrais tout ça en taule, moi !
- C’est pas en mettant plus de flics qu’on aura plus de sécurité, c’est en mettant moins de gangsters.
- Le monde est tellement con, on dirait que c’est moi qui fais tout.
- Parle jamais à un journaliste, il va aller répéter tes conneries en les déformant.
Départ : - Chaque jour, t’as trente morts sur la route, alors moi je vais rouler sur le trottoir.
- Tu prends ta bagnole avec ce brouillard ? - Pourquoi, tu veux que je prenne la tienne ?
L’alcootest : - Aux drogués, on leur demande pas combien ils ont de grammes d’alcool dans le sang, alors pourquoi toujours à nous ? Médecine préventive : - Tu picoles, et le microbe, à l’intérieur de toi, il picole et peut-être même il tombe et il se tue…
Les réflexions scientifiques : - Les flamands roses ont des grosses couilles, mais, à cause des plumes, on les voit pas bien.
- Quand les dinosaures pondaient leurs œufs, peut-être qu’ils faisaient Cot-Cot. On sait pas …
- Le sein, c’est rien qu’une glande, mais les couilles aussi…
- Les moutons sont tellement cons que leur cervelle a pas de goût.
- Les enclumes représentent à elles seules le cinquième du poids de la Terre ; on en a trop fabriqué.
- Au Mexique, pratiquement tout se fume.
- Sur le soleil, il fait jamais nuit.
- Avec des jumelles, tu peux voir un café ouvert à deux kilomètres. C’est bien, mais je préfères des lunettes normales, tu vois un café ouvert juste à côté !
- La femelle poisson pond ses œufs au fond et le mâle vient déposer son sperme dessus, il sait même pas si la poissonne a des beaux nichons.
- Avec le karaté, tu peux tuer à mains nues, mais après on te laisse rentrer nulle part.
- Si la Terre est envahie par les Martiens, au début ce sera dur mais après on aura les Martiens de la deuxième génération, les verts clairs.
- Je ne vois pas du tout à quoi ça sert, les ongles des pieds.
- Le corps d’une femme est bien plus beau au cinéma qu’à la maison, en règle générale
- Une plante carnivore peut pas être végétarienne. Je crois.
- Ton ordinateur à mémoire, je lui fous un coup de marteau y se rappelle de rien, comme tout le monde.
Et la phrase du jour : Le droit de grève, c’est plus qu’un droit ; c’est un devoir !
Quand arrive l’été, les veinards qui sont en congés ont alors la possibilité d’ouvrir des livres parfois surprenants. Celui de Jérôme Duhamel, intitulé : Les perles de l’école en fait partie. Ce qui a attiré notre attention, c’est un chapitre consacré aux mots que les parents envoient aux enseignants. Ces mots sont absolument véridiques, et mes trente années d’enseignement m’en ont apporté bon nombre du même type et même parfois bien plus chauds. On ne pense jamais à les conserver, c’est vraiment dommage. Quel patrimoine pourtant ! Jugez plutôt de ce qui est donné à lire à nos profs :
« Monsieur le Directeur, votre établissement a une mauvaise réputation de grande qualité, mais il paraît que le professeur de sciences en profite pour donner des cours de sexualité aux petits… Pouvez-vous lui donner l’ordre d’aller faire ses cochonneries ailleurs ?
Mon mari et moi avons pris la décision d’anéantir la confiance que nous avions en vous.
N’allez pas critiquer les absences de mon fils, alors que tous vos profs font exprès d’attraper des rhumes pour pouvoir faire la grève.
Occupez-vous des drogués de votre collège au lieu de toujours punir mon fils qui a même arrêté de boire ! D’ailleurs, il n’a pas pu imiter ma signature puisque c’est lui qui a signé à ma place.
Et surtout, comment voulez-vous que mon petit vienne au collège puisque quand il arrive les portes sont déjà fermées ?
En réponse à votre mot sachez que j’ai 8 enfants et je ne peux quand même pas faire attention s’il y en a un ou deux qui font la buissonnière !
Mon fils aime bien l’école, mais voyez-vous, il n’aime pas l’enseignement, c’est ça le problème.
Il n’a rien contre vous mais il vous déteste..
Même à la maison mon fils est souvent absent et c’est pas pour ça qu’il m’amène des mots d’excuse.
Malgré qu’il soit malade, je vous renvoie mon fils à l’école où il sera mieux pour se reposer, mais comment voulez-vous qu’il vous réponde si vous lui parlez en anglais pendant vos cours d’anglais ?
Je vous préviens : il va finir par se suicider si vous l’interrogez tous les matins. De plus, c’est avec de la purée qu’il s’est blessé à la cantine…
Et pourquoi l’empêcher d’aller faire ses besoins, du moment qu’il ne les fait pas en classe ?
A chaque fois qu’il revient de l’école, Christophe me vomit toute votre cantine ! Après, sa nervosité l’oblige à regarder la télévision toute la nuit, et je crois que c’est pour ça qu’il dort en classe.
Je l’ai gardé à la maison car quand il fait caca, on dirait qu’il fait pipi.
Etant douloureuse de la règle, ma fille n’a pas pu apprendre sa leçon. Et mon mari n’a pas pu l’accompagner à l’école ce matin parce qu’il n’a pas retrouvé le chemin de sa voiture.
Ne touchez plus à ma fille, il y a déjà son père pour ça. Contrairement à ce que vous dites, elle arrive à lire n’importe quel livre les yeux fermés.
Les programmes scolaires sont trop chargés pour que ma fille puisse les transporter…
Mais pour la classe de neige, c’est non. J’ai pas de quoi lui payer des skis en fourrure… Et prendre l’assurance scolaire pour 4 enfants, ça me fait un drôle de trou aux bourses !
J’en ai assez de toujours avoir à vous faire des mots pour l’absence de ma fille qui est assez grande à 7 ans pour savoir où est son intérêt. De plus, elle ne sait pas ses deux dernières poésies. Vous serez bien gentil de l’interroger seulement sur la première des trois.
Vous tous, à l’Education Nationale, vous ne pensez qu’à la fainéantise de vos vacances, et des enseignants comme vous, j’en ponds trois à la douzaine ! On ne peut même pas compter sur vous pour leur apprendre à compter.
C’est avec mon impôt que je vous paye pour éduquer mon gosse, alors méritez votre argent !
J’ai lu que les instituteurs faisaient beaucoup de dépressions nerveuses. Ça ne risque pas de vous arriver avec toute la mollesse que vous mettez dans votre travail.
Monsieur, veuillez excuser l’absence de mon fils, je l’ai utilisé pour mes besoins. S’il est absent, c’est surtout parce qu’il n’est pas là, vous vous en doutez bien…
La semaine dernière, mon fils était absent à cause du dentiste qui lui a arraché deux dents dans la gueule. Et la semaine d’avant, il a dû venir avec moi à mon enterrement. Veuillez aussi excuser ma fille, elle était sous le docteur lundi après-midi.
Et pour couronner le tout : En ce qui concerne mon fils, mettez-lui donc une bonne paire de baffes à cet imbécile, s’il continue avec vous les mêmes conneries qu’à la maison ! »
Dans un quartier comme Figuerolles, l’identité, la reconnaissance de ce que l'on est, par soi-même ou par les autres, pose question. Tant de groupes, de communautés, d’histoires, de revendications, avec le danger de dérives, d’oppositions entre clans, d’instrumentalisation du passé ! Des éléments de réponse ici avec la présentation des recherches d’un fameux sociologue.
« L'esprit est une sorte de théâtre ou diverses perceptions font successivement leur apparition, elles passent, repassent, glissent sans arrêt et se mêlent. Il n'y a en cet esprit ni simplicité ni identité, quelque tendance que nous puissions avoir à imaginer cette simplicité et cette identité. » C’est sur cette citation de David Hume (philosophe écossais du dix-huitième siècle) que nous rencontrons un chercheur dont les apports sont énormes. Explications.
Jean-Claude Kaufmann est né en 1948. Il est marié, père de deux enfants et vit en Bretagne. Il a commencé sa carrière de sociologue en 1969, comme chercheur contractuel, avant d’être admis au CNRS en 1977. D’abord Chargé de Recherche, il a été nommé Directeur de Recherche en 2000. Il est membre du CERLIS (Centre de recherche sur les liens sociaux), laboratoire CNRS de l’université Paris 5 - Sorbonne. Il est également chargé d’enseignement dans la même université. Sa trajectoire est atypique. Il a débuté comme professionnel de la sociologie alors qu’il était encore jeune étudiant, ce qui l’a conduit à forger ses propres outils et méthodes de travail, en prise directe avec les terrains d’enquête. D’où son goût du concret, qui ne se limite cependant jamais à l’empirisme. Le terrain est en effet pour lui la matière première qui lui permet d’élaborer sa théorie, de façon progressive et pragmatique, dans une confrontation permanente avec les faits. Cette façon nouvelle de fabriquer la théorie sociologique a été explicitée dans L’entretien compréhensif (Nathan, 1996) : contrairement à la méthode classique, les concepts sont abstraits lentement et validés dans le cours même de cette abstraction progressive.Ses objets d’enquête sont choisis avec beaucoup de soin. Nombre d’observateurs ont relevé leur originalité. Leur caractéristique principale est d’être des révélateurs de mécanismes sociaux auparavant mal connus. Le thème très précis de l’enquête renvoie donc toujours à des questions de portée beaucoup plus générale ; il n’est qu’un point de départ ouvrant sur des horizons plus larges. L’analyse du couple par son linge dans La Trame conjugale (Nathan, 1992, Pocket, 1997). La sociologie des seins nus sur les plages dans Corps de femmes, regards d’hommes (Nathan, 1995, Pocket, 1998). La logique de l’action ménagère dans Le Cœur à l’ouvrage (Nathan 1997, Pocket, 2000). Le développement de la vie en solo dans La Femme seule et le Prince charmant (Nathan, 1999, Pocket, 2001). La naissance des histoires d’amour dans Premier matin (Armand Colin, 2002). Ce qui nous a passionné cette semaine, c’est un de ses derniers livres, intitulé L’invention de soi et publié chez Armand Colin. Il y présente une théorie de l’identité, une notion devenue aujourd’hui omniprésente sans être jamais clairement définie. Lisons la définition qu’il nous en donne : « Pour l'administration, l'identité n'est pas compliquée, c'est un nom, un prénom, une date de naissance ; mais l'identité, c'est presque tout le contraire. C'est un univers de complexité, c'est un continent à découvrir sans cesse. Certains chercheurs ont essayé de définir les territoires de l'identité, il y a l'identité sociale, l'identité personnelle, l'identité collective et très vite on se perd. L'identité ce n'est pas cela. L'identité est un processus. C'est ce qui permet de recoller les morceaux, c'est ce qui permet de donner sens à sa vie, dans chaque situation, dans chaque contexte, c'est un travail. L'individu développe un travail identitaire pour avancer dans la vie. Pour moi l'élément moteur est comment l'individu s'invente à partir de ce qui fait son histoire. Chacun a des cartes en mains, une histoire qui lui est propre et à partir de là, il la travaille pour s'inventer. Il y a une autre définition aujourd'hui de l'identité qui à mon avis est très dangereuse, c'est de renvoyer l'identité aux origines parce qu'à ce moment-là, c'est quelque chose de fermé et qui va se constituer souvent par opposition à d'autres identités. Bien sûr, on a un héritage en soi mais cet héritage est ouvert, il est ouvert sur les autres, il est ouvert sur l'avenir. Et le travail identitaire, c'est justement de lui donner un sens, vers l'avenir, vers les autres et c’est tout à fait essentiel. L'individu n'est pas une entité, c'est un mouvement, donc on ne peut pas l'enfermer. L'identification au contraire, là il faut mettre dans la boîte, là il faut définir, c'est pour cela que les notions d'identification et d'identité, sont très différentes. »
Pour J.C Kaufmann, in L’invention de soi, un degré est franchi quand les supports de l’identification collective s’inscrivent dans un marquage institutionnel ou politique, structurant des rivalités d’intérêts, et cristallisant l’affrontement entre groupes bien délimités. La frontière devient alors de plus en plus nette entre « nous » et les « autres ». Ce constat révèle à quel point le politique est moins l’expression d’une identité que l’outil qui le fabrique. La comparaison entre la Bretagne et la Corse l’illustre bien. La Bretagne se caractérise par un contraste entre une forte identité culturelle et la faiblesse de son expression politique ( Le Coadic, 2001b). La Corse par contre a emballé l’idée de sa spécificité irréductible. Une même comparaison pourrait être effectuée entre le pays basque français et le pays basque espagnol. C’est la lutte politique, surtout quand elle utilise la violence, qui institue les identités collectives. Mais ceci n’implique aucun jugement de valeur. La question à résoudre est toujours la même : la qualité du problème justifie-t-elle que l’identification collective supplante les identités individuelles ? La réponse est d’autant plus complexe que la mondialisation a fait se télescoper des sociétés non seulement culturellement différentes mais aussi n’ayant pas vécu l’histoire au même rythme. Et les identifications collectives développent alors une puissance particulière en se nourrissant des décombres des anciennes communautés : « La tradition manipulée devient le moyen de donner un sens aux réalités nouvelles ».
Pour sortir du contexte figuerollien et héraultais tout en examinant un cas semblable, prenons l’exemple Breton. Chacun se forme très vite une image des Bretons et de la Bretagne. Avec en arrière plan l’évidence implicite d’une identité régionale (nationale pour les militants séparatistes). Or l’analyse concrète rend de plus en plus incertaine ce que pourrait être précisément cette identité. La société bretonne est très ouverte. Pour l’essentiel, les Bretons sont devenus des européens comme les autres. Etre breton signifie pourtant toujours quelque chose. Mais pas la même chose pour tous. Ronan Le Coadic (1998) a dressé une sorte d’inventaire des particularités bretonnes relatives pouvant servir à donner forme à ce qu’il appelle le mythe vivant : le renouveau linguistique dans les milieux culturels (alors que le breton vernaculaire continue à disparaître), le succès actuel de la musique celtique, des paysages marquants, des spécialités culinaires, etc. Tous ces éléments fonctionnent comme des supports alimentant très librement en ressources d’identification et d’estime de soi. L’enquête qu’il mène auprès des Bretons eux-mêmes le confirme.
A la question : que représente dans votre vie personnelle le fait d’être Breton ? De nombreuses personnes répondent en utilisant la référence bretonne pour valoriser leur identité personnelle : « Pour moi, c’est un plus », « Vivre en Bretagne, c’est formidable » etc. Les plus précis, originaires de la région depuis plusieurs générations, évoquent leurs racines. D’autres, au contraire, affirment ne ressentir aucune appartenance bretonne particulière. Mais ces faiblesses n’empêchent pas le processus d’identification collective de fonctionner avec force : dans l’opposition à d’autres groupes ou à l’Etat centralisateur, lors de mouvements revendicatifs ou festifs, d’évènements culturels, etc. La sonorité musicale d’un bagad peut suffire. De petites ressources peuvent produire de grands effets identitaires. .
Originaire de Graissessac (34), le professeur Michel Maffessoli nous propose de nouvelles pistes de réflexion : « Je suis parti de ce qu’étaient nos positions sur l’analyse du monde en tant qu’aliénation, après avoir constaté qu’à côté de toutes les formes de domination, quelque chose résistait dans la vie quotidienne. D’origine populaire, natif de Graissessac, j’avais bien vu, et de près, comment naissaient et s’organisaient ces formes de résistances, de moins en moins politiques. En effet ; on est toujours soumis au prince, aux divers pouvoirs et on fait comme si on s’y soumettait. Mais quelque part, on ne s’y soumet pas. On vote un coup à gauche puis un coup à droite parce qu’on se méfie des politiques dans une forme de duplicité. La duplicité, c’est le caractère de quelqu'un qui ne se montre pas tel qu'il est, qui est double, qui a deux identités. Cette ruse affaiblit le pouvoir en refusant de répondre aux demandes, en développant les formes de l’illégalisme et permet d’échapper au contrôle généralisé et à la perte d’identité. La socialité s’organise alors entre deux pôles : celui de l’acceptation et celui de la différence.
J’ai progressivement montré que la vraie violence était celle pratiquée par les institutions, que l’on retrouve à droite comme à gauche, dans un bureaucratisme qui est autant socialiste que capitaliste. Mais à côté de toutes les institutions renaissent des petits groupes. C’est une forme émergente de tribalisme sous formes d’entités dont le critère est de partager un même goût, qu’il soit religieux, sexuel, musical ou autre et qui repose sur des affinités. Ainsi, on assiste à une multiplication de tribus qui permettent à chacun d’exprimer les divers aspects de ce qu’il est. A certains moments, le décalage est énorme entre la société officielle et la société officieuse. Alors que, dans le même temps, l’intelligentsia des journalistes, des universitaires et des hommes politiques continue de nous présenter la société comme un être ensemble rationnel, avec l’intelligence du dix-huitième siècle.
Il faut essayer de voir, au delà de l’apparent, quel est le roi caché. Identifier cette autre manière d’être ensemble. On fait comme si, et on n’en pense pas moins… Le phénomène abstentionniste s’installe, représente aujourd’hui un taux incompressible, ce qui signifie que le peuple ne se reconnaît pas dans les instances qui le représentent, dans son intelligentsia, ceux qui ont le pouvoir de dire, de faire. C’est que nous vivons la fin d’un grand cycle, celui qui croyait en la modernité, la raison, l’avenir. Nous entrons dans l’ère de la post-modernité qui affirme l’usure d’une façon de représenter le monde et d’agir. Cette ère met en synergie archaïsme et développement technologique ; les tribus se ressemblent sur Internet, à 70 pour cent sur des bases érotiques, religieuse ou musicales…
Si le désir de représentation politique disparaît, cela ne signifie pas qu’il n’y ait plus rien. Il y a le désir d’une autre manière d’être ensemble. Les associations font aujourd’hui partie de ce qui est rejeté, elles ne sont plus en pertinence. Les énergies vont se retrouver spontanément dans des choses éphémères, tels les flah mob … (Un flash mob, terme anglais, traduit généralement par foule éclair ou mobilisation éclair, est le rassemblement d'un groupe de personnes dans un lieu public pour y effectuer quelque chose de particulier avant de se disperser rapidement ndlr). Et c’est une grande tendance sociétale que l’on ne peut analyser correctement qu’au niveau mondial. Nos recherches mettent en évidence des similitudes que l’on soit à Paris, Tokyo ou Rio de Janeiro. On retrouve des variations, des spécificités, mais de grands changements contaminent le monde dans son entier. Nous raisonnons en termes de virologie, d’épidémiologie…
Avec les grands évènements, concerts, matchs, on assiste à des phénomènes d’hystérie collective, autour de manifestations sportives (le rugby), autour de personnages (Lady D), de catastrophes. Les médias aident, le monde entier pleure, un pays va gagner, etc. C’est cette hystérie, en son sens étymologique (ce qui fait mouvoir le ventre), qui fait vibrer la société. Sous l’empire de Dionysos, dans la tradition de l’orgie, on s’éclate rituellement et mutuellement pour le plus grand bien de la société en son ensemble. Ce qui est en question, ce n’est plus l’Histoire individualiste et rationnelle, mais bien le Destin en ce qu’il fonde la communauté au travers d’intenses émotions partagées».
Cliquer ici pour télécharger le PDF d'Apocalypse (1,67 Mo), la conférence donnée par Michel Maffesoli à Montpellier le 14 octobre 2009.
Cliquer ici pour télécharger le PDF de "Notes sur le grippe cochonne".
Cliquer ici pour télécharger le PDF de l'article de l'Hérault du jour consacré à la présentation par Michel Maffesoli de son livre : "Le temps revient", le 18 novembre 2010 à 17 h 30, auditorium du musée Fabre, à Montpellier.
Cliquer ici pour voir les images des journées du CeaQ 2012, sous la présidence de Michel Maffesoli.
Cliquer ici pour télécharger le PDF de l'article de l'Hérault du Jour consacré à la présentation du livre "Homo Eroticus", présenté par Michel Maffesoli en l'auditorium du Musée Fabre le jeudi 8 novembre 2012.
Sylvie Tissot est maîtresse de conférences en sociologie à l’université Marc-Bloch (Strasbourg) ; Elle était à Montpellier pour y tenir deux conférences, l’une traitait de la mixité sociale, vendredi 7décembre 2007 au centre Lacordaire, à l’invitation de l’ISCRA et l’autre samedi 8 sur le thème de l’Etat et les quartiers, à l’IUFM, conviée cette fois-ci par l’ARPES..
Sur la mixité sociale
Dans son domaine de recherche, Sylvie Tissot différencie travail scientifique et travail militant, tout en soulignant le paradoxe qui veut que la neutralité affichée pourrait n’être qu’un refus d’engagement très politique. « Les élus, de droite comme de gauche, appellent à casser les ghettos, et pour cela à introduire davantage de mixité, de diversité, à rétablir l’équilibre ». Puis, elle nous démontre que l’application de cette idée de mixité va produire l’effet inverse et aboutir à une plus grande discrimination au logement dans les faits. Une pénurie générale de logements sociaux, une demande croissante expliquerait que les étrangers aient tant de mal à se loger. « Le système d’attribution est compliqué, opaque, éclaté, avec de nombreux interlocuteurs, élus, travailleurs sociaux, etc. Il ne génère pas forcément l’arbitraire mais le rendent possible, nimbé d’un secret qui assure l’impunité »
« Ce système perdure parce que personne n’a intérêt à y mettre fin, chacun y trouve son avantage. L’absence de règles claires permet l’application de critères racistes, en privilégiant les choix ethniques ». Déjà, la loi Besson (1990) inscrivait la mixité sociale en préconisant une répartition de la population en fonction de pourcentages à ne pas dépasser. Le résultat c’est que l’on barre l’accès au logement pour certains candidats : La mixité sociale mal définie devient une mixité ethnique. « Des systèmes de quotas, de manière informelle, des représentations en termes de pourcentages. Au final, chacun, préfets, élus, habille ses stratégies politiques de cette mixité sociale ».
L’Etat et les quartiers sensibles
Pour comprendre la construction du concept de quartier sensible, Sylvie Tissot s’est intéressée aux acteurs qui ont promu, écrit, théorisé cette catégorie pour la faire entrer dans notre esprit. Elle a rencontré des hauts fonctionnaires, des travailleurs sociaux, des sociologues. Elle a mis en lumière leur manière de concevoir les problèmes sociaux. Au moment où les territoires deviennent des symboles, leurs habitants ne sont plus perçus à travers leur statut social, mais au travers du prisme de leur âge et de leurs origines ethniques, considérés comme menaçants, on va focaliser l’attention sur le lien social, la communication, le dialogue.
Sylvie Tissot en revient à l’après guerre, quand un Etat interventionniste et planificateur construisait les grands ensembles, qui seront très critiqués dès la fin des années 60. Dans un milieu militant, apparaissent d’autres manières de penser les politiques urbaines. C’est de ce milieu que vont émerger les futurs chargés de mission de la politique de la ville, surtout après 81. De par leur expérience militante, ces nouveaux acteurs croient en la mobilisation des habitants. Mais l’accumulation du négatif, des problèmes sociaux conduit à préconiser l’action de spécialistes. Tout l’appel à la mobilisation s’efface pour une action rationalisée, au travers de professionnels du lien social.
Ce recadrage, s’explique par le peu de moyens dont était dotée la politique de la ville. Peu de personnel, une administration réduite. Les quartiers deviennent standardisés par les statistiques, se retrouvent délimités, cartographiés, quantifiés en pourcentage de chômeurs, jeunes et étrangers. On unifie des réalités singulières. Dans le même temps, la définition des quartiers sensibles est légitimée par les intellectuels (Alain Touraine, François Dubet, la revue Esprit).On passe ainsi du conflit de classes à la problématisation à l’intérieur de la ville.
Cette idée, qui considère que les populations créent elles-mêmes leurs problèmes et en sont responsables conduit à la catégorisation des habitants selon deux critères, l’âge et l’origine, en éludant les autres (chômage, etc.). « Si on n’hésite plus à envoyer la police, à démolir les tours, on va chercher à modifier l’état d’esprit du quartier, à faire en sorte que les habitants s’y sentent acteurs ». Penser au lien social avant la réhabilitation, promouvoir les repas de quartier, les comités de quartier, en en filtrant les organisateurs. Voir les évènements comme des actions thérapeutiques, les habitants comme des malades ; définir les quartiers comme des espaces neutres, porteurs de consensus, laissant de côté toute dimension conflictuelle ou revendicative.
Françoise Tétard, historienne, ingénieur au CNRS était de passage samedi 26 janvier à l’Université Paul Valéry de Montpellier, à l’appel de l’ARPES sur le thème de l’éducation populaire. Elle a retracé l’histoire de ce mouvement et ouvert le débat sur ses enjeux actuels, au moment où l’ensemble des fédérations lance un appel national.
9-1 L’impossible définition.
Pour Françoise Tétard l’éducation populaire (EP) est une « notion partagée », avec ses pratiques, sa méthode, sa philosophie d’action. Mais un « concept savonnette, qu’on n’arrive pas vraiment à saisir ». A la limite de l’idéologie, l’EP est aussi parfois, dit-elle, source de malentendus. Avec des constantes : « ce qu’on a appris, on peut l’apprendre aux autres ». C’est à partir de cette idée que naîtront les cours du soir, destinés aux ouvriers : s’adresser à tous, depuis la sortie de l’école jusqu’à la fin de la vie. Les animateurs non salariés seront appelés militants plutôt que bénévoles.
L’EP serait née à la fin du dix-neuvième siècle, de pratiques collectives plus ou moins conscientisées (autour de lieux ouverts aux habitants d’un quartier). L’école de Jules Ferry étant vaquée le jeudi, il s’agissait aussi d’organiser des patronages, puis d’emmener les enfants au grand air, (les colonies de vacances). Pour les adultes seront organisés les cercles d’études, avec animateur, le laïusseur. Tous en cercle, on écoute puis on débat, ensuite on prend un pot (le grog fleuri). Seront aussi organisés de grands débats dans des cinémas ou théâtres, avec débatteurs et applaudimètres.
De nombreux mouvements, laïques et religieux, s’engagent alors. Passeront les grandes catastrophes : première guerre mondiale, grippe espagnole (qui fera plus de victimes que la guerre). Alors, les mouvements politiques s’investiront ; on assistera à une vague de création de mouvements de jeunesse et d’éducation populaire. L’idée de stage émergera à partir des années 20 : c’est la création d’une communauté provisoire, avec laïusseurs, apprentissages. Puis, ce sera l’époque des ciné-clubs. Pendant la seconde guerre mondiale, beaucoup de formations dans une idéologie pétainiste : on forme des cadres, des chefs. Après guerre, l’EP, conçue dans une société de croissance, s’adresse surtout aux classes moyennes. La crise du pétrole annoncera le début d’une nouvelle mutation. Aujourd’hui, l'enjeu de l'éducation populaire est donc là : oser la « rupture épistémologique », réaffirmer un projet politique afin de réaffirmer son rôle, sa place dans la société, non pas en tant qu'agent d'une politique publique mais en tant qu'acteur de la société.
9-2 L’appel des fédérations d’éducation populaire pour les arts et la culture au quotidien
« Nous qui produisons, diffusons, accompagnons des œuvres partout en France, nous qui amenons les arts et la culture dans les villages, les quartiers, les écoles, et aussi dans la rue, dans les hôpitaux ou dans les prisons, qui organisons des festivals, des ateliers, des rencontres entre les professionnels et le grand public, nous qui développons et qualifions les pratiques artistiques des amateurs, nous qui soutenons une culture vivante de qualité, de courage, d’indépendance et de création, dans le cadre d’une politique nationale concertée et durable fondée sur l’intérêt général, en lien avec les artistes, les collectivités, les institutions, et les services de l’Etat, nous qui réunissons plusieurs dizaines de milliers d’emplois, plusieurs millions de bénévoles et autant de participants, nous appelons solennellement l’État à réaffirmer la place des arts et de la culture dans le droit commun des politiques publiques. (…)
9-4 Mutations en cours
- un désengagement budgétaire et politique de l’Etat sur la culture en dehors des arts majeurs, des industries culturelles et du patrimoine
- une politique budgétaire qui tend à séparer la création, la diffusion, l’éducation artistique et l’action culturelle
- l’avènement et la banalisation manifeste d’un discours fondé sur la libre concurrence dite « nécessaire » entre secteur marchand et action publique
Ces mutations se font sentir depuis plusieurs années, mais une accélération évidente est en œuvre (…).
Nous annonçons que nous suspendons sine die nos travaux et contributions dans le cadre de la Charte Education populaire - Culture tant que le Conseil national Education populaire Culture n’aura pas été réuni sous la présidence du Ministre de la Culture et de la Communication.
Nous appelons l’ensemble des militants et partenaires de leurs associations à :
- travailler activement à l’explicitation de cette actualité auprès du grand public
- mobiliser les élus sur ces questions
- se joindre à toute initiative de mobilisation publique locale et nationale visant à réunir largement tous les secteurs artistiques et culturels
Pierre Leroy-Beaulieu naît en 1871 à Montplaisir. Il va attirer l’attention de l’universitaire Philippe Secondy, en raison de sa réussite électorale aux élections législatives, après l’incroyable succession d’échecs de son père. Comment a-t-il pu transformer cet héritage malgré un premier revers en 1902 ? Grâce à toute une organisation compliquée et savante, à l’américaine, d’abord assimilée à de la tricherie. Explications.
Ses amis, les royalistes, propriétaires du journal L’Eclair, diffusé sur toute la façade méditerranéenne, lui préfèrent un jeune monarchiste, maire de Cazilhac et conseiller général du canton de Ganges ; Henri de Rodez-Bénavent. Pourtant, Pierre Leroy-Beaulieu va s’imposer. Il se range intelligemment dans la catégorie ambiguë des « progressistes », des « républicains indépendants ». Et il y a son caractère : « Ardent, combatif, violent même, aimant la parole et parlant bien, sachant convaincre, il rassemble des partisans enthousiastes ». Il apparaît vraiment comme un boss, c’est à dire un homme énergique, habile à manier ceux qui savaient manier les classes populaires.
Sa circonscription comporte sept cantons. Ceux de Ganges, Les Matelles et Saint-Martin-de-Londres sont historiquement acquis aux courants conservateurs. Il va se focaliser sur les deux cantons urbains qui regroupent 60 pour cent de son électorat. Le second rassemble plusieurs localités dans la banlieue, alors que le premier se structure autour des bas-fonds de Montpellier, le faubourg Figuerolles en constitue l’épicentre. De nombreuses corporations de métiers liées à la vigne (les fabricants et vendeurs de fûts, les loueurs d’attelage, les réparateurs d’outillage agricole...) sont installées à Figuerolles, par ailleurs lieu d’accueil traditionnel des flux de main-d’œuvre venus de l’arrière-pays et plus tard de l’étranger. Pierre Leroy-Beaulieu se lance dans la campagne en axant ses efforts sur ce quartier, constatant l’ « extrême misère » de la très grande partie de ses habitants, totalement dépendante de la monoculture viticole.
Et il est malin : « Les électeurs de la première circonscription, peut-on lire dans La Dépêche, sont d’heureux mortels. M. Leroy-Beaulieu les arrose copieusement de liqueurs variées. Le candidat se livre à de folles dépenses dans tous les cafés et bars du faubourg Figuerolles. Jusque-là rien de blâmable (...). Mais il ne se contente pas de boire et de faire boire, il pérore, il fait de véritables réunions électorales, et cela sans les déclarations prescrites par la loi. »
On va trouver dans les comptes rendus du ministère de l’Intérieur le texte suivant : « Pierre Leroy-Beaulieu a engagé des vauriens, des contrebandiers, des souteneurs et des repris de justice qui lui font escorte partout où il se rend et qui le protègent partout où il se trouve. Le candidat est entouré de crieurs, d’aboyeurs, de camelots. Ce sont ces derniers qui les premiers ont rudoyé les républicains et gêné le bon déroulement des réunions publiques (...), moyennant une somme de 10 F (chemin de fer et nourriture payés) ».
À côté de cet investissement public, les « gros gaillards de la ville et les aboyeurs des villages », rémunérés par le chef de file des « républicains indépendants », sont invités à mener un travail en profondeur sur l’électorat en utilisant les failles d’un système électoral encore rudimentaire. Récupération de cartes électorales de ceux qui étaient partis ou décédés ; distribution de bons de pain, de viande et de pièces d’argent aux électeurs, mobilisation des femmes par l’Eglise pour empêcher la tenue des meetings… Les gamins de Figuerolles (âgés de 8 à 12 ans) arrachent les affiches du concurrent et utilisent des sifflets pour perturber ses réunions.
Enfin, le « candidat républicain indépendant et de défense viticole » construit son identité publique en insistant sur sa « personnalité », ses « compétences économiques ». Il préconise de ne pas se laisser influencer par les sirènes contestataires : « Il faut que l’on nous donne du travail, au lieu de nous promettre un paradis terrestre qui n’existe que dans les programmes. » Pour ne pas rester au stade des simples promesses, les campagnes sont ponctuées d’appels aux « ouvriers sans travail ». Il franchit un nouveau cap en finançant, au cœur de Figuerolles, un « fourneau économique » (restaurant réservé aux indigents). Pierre Leroy-Beaulieu sera député de 1907 à 1914 (réélu en 1910, mobilisé en 1914 et tué au front en 1915).
L'auteur de ces recherches, Philippe Secondy est Docteur en science politique. Il est l’auteur d’une thèse intitulée : La droite extrême dans l’Hérault (1890-1944). Sociologie historique d’une configuration politique (Université de Montpellier I). Chargé de cours aux Universités de Montpellier I, de Montpellier III et de Nîmes, il collabore aux activités du Centre d’Études politiques de l’Europe latine. Ses principales publications : - Royalisme et innovations partisanes. Les « Blancs du Midi » à la fin du XIX ième siècle, Revue française de science politique, 53 (1), février 2003. - Regard sur le fascisme dans l’Hérault. La difficile implantation du Parti Populaire Français (1936-1944) », Études héraultaises, 30-31-32, 2001. Ses recherches portent en particulier sur les partis politiques et sur l’histoire de l’extrême droite. Le 3 mars 2007, il participe au débat « Racisme, antisémitisme, xénophobie » organisé pour la fête de l’Humanité à Montpellier. Le contacter : Faculté de droit, CEPEL, 39 rue de l’Université, 34060 Montpellier Cedex.
Pour le linguiste Jean-Pierre Goudaillier, professeur à la Sorbonne et auteur de «Comment tu tchatches !», «l’une des réactions au sentiment d’exclusion est la création d’un langage propre». Avec des mots qui pleuvent comme des épices pour donner de la saveur aux mélanges des cultures, offrir un sens à toutes les différences. Sorte d’argot, le langage des quartiers serait donc un registre de langue et non un ovni, «où se rassemblent les dominés pour résister aux dominants. Une langue a toujours eu et comporte toujours ses propres formes de contournement de celle dite « académique ».
«La tchatche des quartiers, c’est ma deuxième culture, dit aujourd’hui Nacera, devenue professeur de français. Qu’on le veuille ou non, ça fait partie de notre patrimoine, c’est ce qu’on hérite des cités. Une façon de vivre, de voir les choses, différente. C’est mal, ça ? ». Le linguiste Alain Bentolila pense que oui. Ce jargon serait d’une absolue pauvreté, une prison pour ces jeunes en rupture avec le français. Jean-Pierre Goudaillier tient lui ce «français contemporain des cités pour une langue existentielle, où dépression et précarité riment avec expression et créativité». A l’intérieur, il n’y a pas de règle, sauf celle d’innover sans cesse. Dans le dictionnaire, il y a un mot pour définir cette réalité : la « diglossie ». C’est le fait de pratiquer deux langues, dont l’une est socio politiquement inférieure à l’autre.
Dans les années 70, avant le verlan, l’apport de langues venues d’ailleurs, de la télévision, de l’Internet et des SMS, on en était ici à tchouraver par ci par là dans l’espagnol, le catalan, l’occitan, l’argot et autres quelques mots qui s’éteignaient très vite. Des mots comme orphelins. Une langue ? Non. De petites rafales de mots. Dans un langage fantôme, le mot « piche » désigne alors le sexe masculin. Mais, paradoxe, personne ne se reconnaît piche. A moins d’être cariclo ; cariclo complet, bauch, fou. La piche, au bout du compte, c’est toujours l’autre. Piche, c’est l’invective. La « picherie » dans les quelques zones urbaines du littoral languedocien était une façon d’être. Mais d’être nul, toujours vaincu et ardent aussi. La picherie tenait ses quartiers dans toutes les rues de la mouise, dans tous les faubourgs pourris. La piche, (on emploie le mot au féminin au féminin) c’est le râté, le déclassé, celui qui baigne dans la déche, se bronze au soleil grisâtre de la mistoufle et n’en sortira jamais. En attendant, il bricole sa vie comme il bricole sa mobylette, sa « bleue » et il bricole sa mobylette comme il bricole sa langue, en tchourant à droite et à gauche.
Pas question de se faire agantcher (attraper, engluer) dans un phrasé structuré. Pas question non plus de trimarder, de travailler de façon soutenue. S’il se fait endoffer, (assimiler, avoir) par l’autre monde, celui de la normalité, la piche fait alors partie des « zenculés ». Et pour les « lovés » ? (L’argent) La piche se démerde ; il fait vinte (attention) et s’endjale rapidos quand il voit les bédis (les flics). La piche tchoure un carbu pour sa bleue, part en bande pour la marave (bagarre), et tant mieux si les gonzes n’y entravent tchi, que dalle (si les gens n’y comprennent rien).
En réalité, la vraie piche n’était bonne à pas grand-chose. Pas même à la pétanque. Mais « i » s’en fout. I fait « l’homme », la « vedette », le « cacou », et exaspère à souhait. Un dur de dur ? Pas non plus. C’est une piche, pas un loubard, pas un voyou romantique, encore moins un ange rebelle des périphéries urbaines. Son vécu est vécu directement, sans distance, à fond la manette. Il flambe, se sape, parade chicos, fume la « punte » (la cigarette). L’important, c’est « l’espante de rire » et qu’on n’insulte pas les morts, « les os de tes morts ». L’univers se coupe en deux : les enfadeurs d’un côté, les enfadés de l’autre.
Pourquoi on fait gueuler la mobylette ? « Pourquoi ça fait du bruit et ça espante. La petite tchourave aussi, ça espante. Mais tout reste diminutif genre mobylette parce que la moto, le cuir, ça, ce n’est plus « piche ». Par contre, ce qui est piche, c’est mettre tous les jours un costard terriblement costard façon pattes d’éléphant et l’user en deux temps trois mouvements. On flambe, mais sans calcul, en dilapidant pour rien une foutue énergie.
Alors, évidemment, ce retour sur nos racines a un avantage ; celui de permettre de mieux comprendre comment nous construisons des repaires identitaires qui nous conviennent, et par ricochet de regarder autrement ces façons de parler ou d’écrire qui ne cessent d’émerger autour de nous : on faisait pareil quand on était jeune. On a su créer nous aussi ces langues vivantes et éphémères, que personne ne pourra jamais enseigner car elles ne vivent qu’au présent.
Source principale : A fond la Manette, Jacques Durand, Office Régional de la Culture L-R.
A Cliquer aussi : La Piche
Les montpelliérains seraient : « Les individus les plus impressionnables que je connaisse » écrira le Dr J.A Murat, Topographie médicale, en 1810. « Le peuple est très criard » révèle le commissaire Prévost dans son premier rapport du 4 mars 1818. « Il a même dans son allure quelque chose de sauvage, mais au fond je ne le crois pas méchant. On crie beaucoup, mais agir est autre chose ». Amelin, dans son guide du voyageur de 1826 note aussi un caractère turbulent. « Je me suis promené trois heures dans les rues de Montpellier ; j’y ai trouvé beaucoup de gaîté et de vivacité. Au fond, le grand mérite de Montpellier est de ne pas avoir l’air stupide comme les autres grandes villes de l’intérieur de la France » écrit Stendhal le 9 septembre 1837, mais qui corrige huit mois plus tard : « toutes ces villes de l’intérieur… se ressemblent ; même impolitesse, même barbarie… » (Mémoire d’un touriste)
A Montpellier, constatent nos auteurs, les rapports entre les sexes sont très tranchés. Flora Tristan s’indigne (1836) : « L’hôtel du Cheval Blanc ne veut pas recevoir de femmes (seules) ; la rudesse, l’absence d’égards envers les femmes… étonnent les étrangers civilisés » et le commissaire Prévost de poursuivre : les femmes mariées en général vivent dans une très grande réserve. Leurs époux, livrés aux coteries d’hommes ou adonnés aux filles, les obligent à chercher le bonheur dans leur ménage au milieu de leurs enfants ou dans la fréquentation assidue des églises… On marie les filles à 16 ou 17 ans, trop jeunes. La vertu des femmes jalousement gardée, c’est la prostitution qui procure des « jouissances faciles… le nombre de filles entretenues par des hommes mariés est considérable. Les filles publiques ont compromis la santé des habitants… ». C’est ce que R. de Vilback exprime de façon moins crue à propos des grisettes : « la facilité de leurs mœurs est, dit-on, la sauvegarde de la vertu des dames » (Voyages…1825). Les grisettes ? On appelle ainsi « toutes les jeunes filles ouvrières ou qui sont employées dans les magasins… Elles sont en général assez jolies et surtout d’une rare élégance qui se déploie le dimanche à l’esplanade avec un certain luxe… elles ont toutes des chaînes d’or sur les épaules, quelques unes des diamants aux oreilles ou aux doigts ; elles ne dédaignent pas de laisser voir leurs ciseaux, pendus à leurs côtés, par de longues chaînes d’argent et parfois d’or ; mais aucune ne porte de faux » (Jourdan). Impression que reprend J-A Dumas en 1851 : «A Montpellier, la classe ouvrière y est heureuse, en comparaison de la grande majorité des ouvriers de France. Elle est… convenablement vêtue, les filles sont élégantes, presque toutes possèdent des bijoux en or ».
Quant à la prostitution, malgré la garnison, les étudiants et les Gavachs, il est notoire qu’elle a moins d’importance qu’à Sète ou qu’à Béziers. Vers 1860, c’est la rue des Etuves qui, comme en 1815, en est le haut lieu : « les femmes galantes y sont en si grand nombre qu’elles y occupent des maisons entières ». Mais proche du cours des Casernes, la rue de la Californie (actuelle Adam de Craponne), percée en 1852, lui fait concurrence. Un déplacement est sensible ensuite vers les quartiers de la gare : « la plupart des jeunes gens du monde fréquentent assidûment les filles galantes du quartier Puech-Pinson » (1874). Le lien est étroit avec l’argent plus facile des années de prospérité : en 1894, « Montpellier devient un petit Béziers », écrit un lecteur du Petit Montpellier. Quant à l’origine des prostituées, elle est étrangère non seulement à la ville, (4 sur 150 en 1850) mais aussi au département (20 contre 27 aveyronnaises) ce qui ne saurait surprendre.
Nommé Professeur en 1808, le Genevois Candolle reçoit la visite de son père qui avait connu Montpellier « cinquante ans avant… époque où l’on ne parlait que patois dans toutes les sociétés… il trouvait la ville bien changée sous ce rapport. Le français est mieux connu, ce qui résulte des progrès de la scolarisation dans la seconde moitié du dix-huitième siècle, mais son usage n’est pas si régulier, même dans les hautes classes, pour que, le vin aidant « au grand service, on ne se remit à parler patois » par exemple lors du repas annuel des professeurs de médecine. En fait, sous la Restauration, « sauf un petit nombre de personnes instruites et dans leurs rapports avec les étrangers, on parle généralement patois. Sur 20 personnes, à peine une parle français. « On étudie le français à l’école, mais entre eux, chez leurs parents, partout, les enfants parlent le patois ». (Amelin). Peu à peu, la scolarisation des filles, les mariages entre originaires de pays différents (cévenols, catalans, etc.) et l’action de l’Etat inverseront les rapports.
En savoir plus : Histoire de Montpellier, sous la direction de Gérard Cholvy, éditions Privat, ISBN : 2-7089-8325-3
Une première et passionnante contribution d'un natif du quartier Figuerolles.
J’ai bien aimé l’article. Tu parles comme un " carraque ".... " piche " on l'a tous été un peu a une époque ou à une autre non ?.J’essaie de retrouver des mots, des phrases... Je te garantis pas l'orthographe... le piche ne s'écrit pas...
Tu as "engancher " mon père m'a " engantché " il m'a " marélé " , mon père m'a attrapé , il m'a fracassé ... " maréler " tu te souvenais ? Tu as tchourer : voler .. Ses morts !!! on m'a tchouré ma meule !!! ( mobylette ) Tu as " nachaver " : partir : nachavons !! y a les bédis !!! Tu as " pountcher " (faire l'amour, là, c'est plutôt baiser) cette gadgie elle est michto (tiens un autre, michto : bon , bonne ) je me la pountcherais bien ... Tu as " farter " : manger, je me suis " farté " les bonbons de chez la mercière (un ancien petit commerce devenu le Repalatin)... Tu as " latcho " un cousin de " michto " ( bien , bon ,bonne ) maman !! (on peut dire mare meua ) quel film latcho !! Bruce Lee , il a marélé tous les gadjos ....
Ou encore " carave " mais là il y a divergence , d'aucuns diront : cette gadgie elle est bien " carave " : elle est bien foutue… D'autres diront : il lui a carave la mob et là, cela pourra vouloir dire voler ou esquinter ...à verifier ...
Tu n'es pas sans savoir que tous ces mots sont un savant mélange de diverses origines ...espagnoles , catalanes , et même Yougo, ou Romano ... par exemple, j'ai employé "latcho " toute ma jeunesse , sans savoir d'où cela venait , et il y a quelques années , il est sorti un film, Yougoslave je crois , une histoire de gens du voyage si je me souviens bien , et le titre était : " latcho drom " la bonne route ... cela m'a éclairé un peu , sur l’origine de certains mots du dialecte piche , car ceux d'origine espagnole, ou catalane je les connaissais ( me débrouillant pas mal dans les 2 langues) mais pour les autres je me demandais d'où ils venaient ...
Voilà , dés que d'autres me reviennent à l'esprit je te les envoie..
Cordialement, Dominique.
Dis moi si parmi ces mots tu en connaissais certains , ou tous...
« Enseignes commerciales, traces et transition urbaine. Quartier de Figuerolles, Montpellier »
Télécharger le dossier PDF de Romain Lajarge et Claudine Moïse (472 ko).
Revue de l’Université de Moncton, vol. 36, n° 1, 2005, p. 97-127.
Dans le cadre du dispositif « innovation » de l’académie de Montpellier, la directrice de l’école Frédéric-Bazille a écrit pour présenter le travail effectué à l’école pendant dix ans : « Quelle place pour l’école de la République dans un quartier de gitans sédentarisés ? ». « École de la République », « quartier de gitans sédentarisés » : d’emblée le cadre est posé et l’on voit deux ensembles que tout pourrait opposer, que tout a opposé nous raconte ce texte. Deux catégories ou « classes dans lesquelles on range des objets de même nature1 ». Du côté de l’école un ensemble d’attitudes, de représentations et de valeurs qui sont supposées être partagées par l’ensemble des citoyens de la République. Et, du côté du quartier, une communauté qui a ses propres règles, codes et valeurs. Les deux étant prétendus totalement différents, imperméables voire opposés.
Pour les enseignants, l’école est le lieu d’apprentissage des notions fondamentales, l’instruction un droit et un devoir qui s’impose à tous les citoyens. En cela elle est pensée comme « école de la République » s’imposant à tous, quasi universelle. En face, le « quartier gitan » est perçu comme une « communauté », un groupe spécifique dont les règles, les valeurs, les façons de vivre sont « particulières » et parfois opposées à celles de la République. Ainsi, par exemple, pour ces gitans, réussir socialement signifie avoir plusieurs femmes dont des « pailles », c’est-à-dire des « non gitanes ». La question de l’égalité homme femme semble essentielle dans la confrontation. Dans les représentations des enseignants – et plus largement dans celles de nombre d’entre nous – « l’école de la République », dans son universalisme, postule cette égalité tandis que « le quartier gitan », dans son particularisme, la nie. Il est bien dit que, pour ces gitans, avoir plusieurs femmes est important pour un homme alors que l’inverse est dénoncé et fait de la femme une « pute ». On peut aussi noter que, dans ce projet, un travail important a été fait pour la participation de tous les élèves (garçons et filles ensemble) aux activités « piscine » organisées par l’école.
Le texte justifie l’emploi du mot « gitan » alors que dans les textes officiels on parle « d’enfants du voyage », par la revendication des habitants eux-mêmes qui tiennent à se distinguer des autres groupes Tsiganes. Eux sont des gitans devenus sédentaires. De plus, ils se définissent dans leur spécificité de gitans, les autres, non Tsiganes, sont des « pailloux », des « gadgés ». École, quartier, d’un côté comme de l’autre, on est toujours dans la logique du « eux » et du « nous », catégorisations qui signifient exclusions réciproques.
Selon les enseignants, l’école est, pour les gitans, un lieu « étrange et étranger » qui les « met en danger ». De la même manière on pourrait dire que le quartier est, pour ceux qui n’y habitent pas, un lieu « étrange et étranger » qui « met en danger ». Il est d’ailleurs décrit comme « délabré », lieu de « violences » et de « refus des institutions ». Les attitudes et modes de vie des gitans semblent tout aussi « étranges et étrangères » : il est écrit qu’ils vivent de la musique et surtout de nombreux trafics, petits et gros, que de nombreuses mères sont déclarées « mères célibataires ». Des « pratiques illégales » qui opposent bien les deux groupes tout comme, de manière plus anodine, mais quand même très forte, la « frime », le goût pour la bagarre ou le non-respect des horaires qui bousculent, dérangent les règles de l’école et des enseignants.
On pourrait poursuivre et approfondir la liste de ces décalages qui ont pu, ici comme ailleurs, devenir confrontations ou affrontements. Le plus intéressant, dans le récit de cette expérience, réside surtout dans la manière dont ils ont été dépassés, subsumés.
Et si la cité n’était qu’un simple village
La directrice de l’école s’est dit : « et si la cité n’était qu’un simple village »... Un village comme il y en a beaucoup avec ses quelques familles, leurs intérêts communs et leurs conflits. Et si l’école était comme une école de village avec des instituteurs inscrits dans cette vie de village. C’est ainsi que cette directrice a posé son regard sur ce quartier. Ce nouveau regard a induit d’autres attitudes : elle est allée aux fêtes, aux mariages où elle a été reconnue comme la « directrice de l’école ». Ainsi, ce qui semble avoir fait se rencontrer ces deux mondes opposés c’est bien, d’abord, la façon dont elle et l’équipe pédagogique de l’école ont pris leur place dans ce village. Changement de place, changement de point de vue, changement de mots, changement de catégorisations.
Les « gitans sédentarisés » sont devenus les « familles d’un village » et l’école des gitans a pu être reconnue par tous comme l’école du quartier, du village, de la République. Les méfiances partagées se sont peu à peu dénouées, comme les enfermements réciproques. Et le travail commun avec l’école, les familles, le quartier, les différents partenaires a pu se développer. Même si, comme toujours, tout reste fragile, il est devenu possible, pour les enseignants comme pour les gitans, d’entendre ceux qui aiment l’école et ceux qui ne l’aiment pas, comme ces mamans sur le trottoir : « - Elle veut pas venir, elle aime pas l’école. Vous voulez pas quand même, qu’elle se rende malade ? - Eh bien moi, je sais pas ce qu’il a ce petit, mais il aime
l’école ! C’est lui qui me lève le matin pour y aller... » (F. Carraud, Décalages en miroir, Centre Alain Savary, Lyon, sept 2006)
1. Cf. définition de « catégorie » dans le Petit Robert.
Quelle place pour l’école de la République dans un quartier de gitans sédentarisés ?
« L’école Frédéric-Bazille est une école primaire de quartier dans laquelle tous les enseignants qui s’y sont succédé ont tenté, chacun à sa manière, de lui redonner un statut d’école ordinaire de la République dans un quartier qui n’est pas ordinaire. Cela a pris dix ans. Dix années pour que l’école redevienne le lieu d’apprentissage des notions fondamentales. Dix années pour qu’elle ne se perde pas face à l’absence de projet scolaire du groupe de gitans sédentarisés du quartier Gély-Figuerolles à Montpellier. » Mireille Ribot (Voir page institutions locales, l'école Frédéric Bazille)
Le Plan Cabanes, centre des immigrés Maghrébins à Montpellier.
Travaux publiés sur la revue électronique : Mappemonde, 1995.
Eloge de la Figue - Francis Eponge
L’auteur de « Le parti épris des choses » se livre pour L’huis (à découvrir entre autres ici très bientôt) à une chosification du fruit qui, après la cagette, le cierge, la savonnette, la moule et la baguette entre dans le panthéon de notre quotidien.
« L’amour des mots est en quelque façon nécessaire à la jouissance des choses. »
La figue affiche une double polarité.
Reliée au corps végétal, elle s’adamise de bourses bene pendentes (le figuier arbre papal ?) A terre, victime de la mollesse de son enveloppe charnue, fendue maints insectes la pénétrent pour nous en offrir la métaphore.
Blanches, rouges ou mauves, les figues déclinent la couleur de leurs nymphes au cours du cycle lunaire. D’avoir perdu (comme Eve) sa suspension, elle se met à son féminin.
Chue de l’arbre, là voilà victime du terrestre entre dévoration et décomposition. Marchez sur une figue et testez sa fidélité : elle vous colle. La mangez-vous, sa fidélité n’est plus l’affaire des semelles mais des gencives : vous l’avez dans les dents.
Foin de sa délectation machiste ! Plutôt que du chagrin que ce fruit ne puisse répondre à l’attente d’une suavité absolue. La figue appelle la soif qui, étanchée, suscite le désir d’une figue à venir qui ne sera ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre.
Loin du Paradis, l’inconstance masculine rencontre avec le figuier son mentor : le multiple fruit des fendues.
P/S : Tout savoir sur le montpelliérain Francis Ponge d'un clic.
Salut
Pedro était mon grand-père ...
Je suis tombé sur ce site en cherchant sur Bolivar et je suis resté de cul ...
Mon grand-père est mort sans jamais revenir en Europe et j'ai plus appris avec ces quelques lignes , que tout ce que je savais déjà ...
Mon seul regret c'est de ne pas avoir connu ce bouquin plus tôt et de n'avoir pas dit son vrai nom a son auteur , qui avait bien senti que ce n'était pas le nom qu'il portait ..mais bon ..
Voilà , bel hommage quand même ! non ?
@ +
Cordialement,
Dominique Audoui, rue du Père Fabre.
(Lire aussi, sous l'article Internet, les explications de Dominique quant à son grand-père...)
Un film super "Des maquis de France aux maquis d'Espagne", d'un clic:
Por: Salom Mesa Espinoza
El revolucionario no tiene época, muchas veces no tiene nombre, nace, vive y muere al servicio de un ideal... no recibe nada por ello... no busca la Gloria... y no obtiene ni siquiera el recuerdo de la gente por la cual luchó, y muchas veces sufrió... el autentico revolucionario no busca otra cosa que servir a un ideal por su propia satisfacción... S. B. el H. quiere al rendir este homenaje a Pedro Beltrán Wells hacerlo con todos los héroes anónimos de todas las revoluciones.
J. W. de W. V.
Nació en Francia y llegó niño a Cataluña. Tan pronto sintió inquietud social se hizo anarquista. Peleó con bravura en defensa de los trabajadores catalanes, españoles, europeos y de todos los del mundo. Iba detrás de una revolución plena, definitiva, sin transiciones; contra la propiedad, el estado y la iglesia. Nada de oportunidad para que la política pudiera corromper a los hombres, aun a los tenidos por revolucionarios. Suelo arrasado para sobre él construir una nueva sociedad: libertaria, igualitaria, fraternal. Tan descomunal propósito tenía que comportar riesgos, persecuciones, cárceles, torturas y a cada instante exhibir un ánimo gozoso para jugarse como nada el derecho a la vida. No creía en nacionalidades y su patria era el mundo.
Joven dirigente de un sindicato tuvo que encarar a Buenaventura Durruti, el León Confederal, en plena guerra civil, porque éste, imperioso, le dio una orden que él no quiso obedecer porque le parecía desacertada.
—Bien, muchacho, tienes razón, así se comporta un libertario —fueron las palabras con las que Durruti puso fin al diálogo caliente que sostenían, ante la mirada atónita de los militantes cenetistas que lo presenciaban.
Era de los integrantes del grupo Los Irreductibles de la Torraza, en Barcelona. Y Pedro, hasta que murió, hizo honor a ese nombre en materia de principios: IRREDUCTIBLE.
En la guerra civil española sirvió en la batería Sacco y Vanzetti. Me parece escucharlo:
"¡Cómo ardían las pilas de billetes a las que prendíamos fuego en las ciudades que tomaban las brigadas confedérales!"
"Hubo comida y alojamiento para todo el mundo en las poblaciones que íbamos liberando, porque sencillamente instaurábamos de inmediato una organización comunista".
"Eran ríos humanos los que se nos iban adhiriendo. Piedras y palos a falta de fusiles empuñaban los hijos del pueblo. Era un sol esplendoroso el que empezaba a bañar con su luz las cabezas y los corazones de los desposeídos".
"— ¿Cuántos hijos tienes?"
"—Ocho, pero no tengo trabajo".
"—No importa, toma tu libreta, el carnicero deberá entregarte la ración necesaria para alimentarlos".
"¡A vaciar toda esa porquería de la que están llenas esas edificaciones. Ahí vivirán ahora los que habitan en tugurios acompañados por las ratas!"
— ¿Qué hacemos con este gerente que trabajaba para esta empresa capitalista?
"—Nada, que siga en su puesto, él sabe su oficio, pero ahora no producirá para unos explotadores sino para el pueblo".
Y así seguía Pedro, viviendo la gesta con la que había soñado y de la cual había sido actor. Sus ojos anulosos, engastados en hondas cavidades y arqueados por unas cejas rubias, se perdían en la distancia mientras enhebraba sus recuerdos, para luego dar sitio a la mesticia, y continuar:
"Pero la burguesía que tenía sus representantes en el gobierno republicano, se asustó. Los políticos cedieron y ese gobierno decidió que no se le dieran más armas ni municiones a nuestras brigadas confedérales si seguíamos comunizando las regiones que caían bajo nuestro dominio. No queríamos transigir. Esas armas en nuestras manos debían servir para la liberación definitiva del pueblo trabajador y no simplemente para que tuvieran el derecho de hablar pendejadas y elegir cada cierto tiempo a unos políticos que sin producir nada útil son también una onerosa carga que soportan los hombros de la clase obrera. Pero ¡cono!" —las lágrimas gotean ahora sobre el pecho de Pedro— "era preferible para ellos que se perdiera la República a que triunfara la revolución. Indignados escuchamos por la radio el llamado que obligada por el gobierno nos hizo la gran compañera Federica Montsegni:
COMPAÑEROS: NI UNA MUNICIÓN MAS NOS DARÁN SI USTEDES SIGUEN COMUNIZANDOLO TODO. Y SIN NUESTRAS BRIGADAS EN LOS CAMPOS DE BATALLA SERA FÁCIL EL TRIUNFO DEL FASCISMO.
Tuvimos que convenir, por la fuerza, en pasar a ser unos defensores más de la República, cuyo concepto sonaba como una abstracción para la mayoría de los hijos del pueblo".
Por el mundo y en huelga
Se perdió la República y Pedro empezó a huir por el mundo y a luchar. En España lo condenaron a muerte. De Francia tuvo que huir porque lo querían encarcelar. Se vino a América. De los Estados Unidos tuvo que salir también. Llegó a Panamá y aquí la policía lo acosó. Se fue entonces a Santo Domingo. Por este pueblo sentía verdadera admiración. Creía que era uno de los mejores del mundo. Pero Rafael Leónidas Trujillo, el dictador, no podía permitir la presencia de un hombre como él en Santo Domingo. A escapar pues, de nuevo y esta vez definitivamente hacia Venezuela.
Llegó a nuestro país recién caído el gobierno de Rómulo Gallegos. Un amigo español le consiguió trabajo en un expendio de vinos. Y cuando en la huelga petrolera del 50 la Asociación Nacional de Empleados convocó a la solidaridad con los trabajadores de esa industria, el único empleado de Caracas que al leer el manifiesto de ANDE se paró, fue Pedro Bertrán Wells.
— ¡Pedro, estás loco, nadie está en huelga en esta ciudad! —le advirtió el patrón.
—No están en huelga por sinvergüenzas, pero aquí está el llamado de la organización de los empleados y yo la acato aun cuando no estoy formalmente afiliado a ella todavía. —fue su respuesta de verdadero internacionalista.
Pedro, que ningún contacto mantenía en aquellos momentos con los hombres que dirigían la resistencia contra la dictadura, se mantuvo cuatro días en huelga él sólito. Era una cuestión de principios y no de conocer a los convocantes de la huelga.
Torturas y presidio
Una noche José González Navarro huía perseguido por agentes de la S.N. y se refugió en la casa de un español amigo. Pedro, quien también era allegado a esa familia, se presentó. Le comunicaron lo que pasaba; y Pedro, que jamás en la vida había tenido noticias de González Navarro, se hizo cargo de éste con las siguientes palabras:
"Un hombre que lucha por la libertad en cualquier parte del mundo es mi hermano y le debo solidaridad".
Después conseguimos para González Navarro la "concha" de la señora Adela Silva en Monte Piedad y aquí conocí a Pedro.
Pedro me enseñó a fabricar bombas pero también contribuyó al fortalecimiento de mi personalidad.
Lo apresó la S.N. el 12 de octubre por la noche y, como era extranjero y andaba indocumentado, sobre la marcha iniciaron las torturas contra él. No dijo una palabra comprometedora.
—Terminen pronto conmigo que siempre contestaré igual: no sé nada sobre Jaime Guaz ni sus bombas —dijo una y otra vez hasta que lo dejaron quieto.
Sangrando su pecho cubierto de pelos amarillos que ahora estaban teñidos de rojo, su fornida espalda y sus muslos, lo tiraron como a un saco de basura dentro de un calabozo.
A Guasina, a aquella isla del infierno, fue enviado con militantes de A.D.
Nos reencontramos en la Cárcel Nueva de Ciudad Bolívar en abril de 1956.
—Con tu llegada aquí he visto el cielo. La mayoría de tus compañeros son unos pobres diablos y algunos son unos hijos de putas, egoístas, sin nada de revolucionarios, que no saben nada de nada y ni siquiera por qué están en un Partido Político —
me expresó francamente tan pronto como pudimos hablar.
Me pidió que consiguiera una litera para los dos a fin de evitar caerse a trompadas con el compañero que dormía en la cama de arriba. Lo hice. El, tenía un carácter muy fuerte y a cada rato podía reñir con otros presos. Pedí al Comité de Cárcel que me lo pusieran como ayudante para los servicios de cocina y aseo. Empezó a dar clases de castellano y de francés a varios compañeros y a estudiar contabilidad teniéndome como profesor. Su edad en el 56 rayaba en los sesenta años, pero disponía de una fuerza física y de un ánimo correspondiente a uno de 40. Era mediano de estatura pero de puro músculo. Caminaba empinándose un poco y con los pies ligeramente hacia dentro. Jugaba incansablemente voleibol. Eloy Martínez Méndez —con quien hizo muy buena llave— lo enseñó a jugar bolas criollas. Por cierto que una mañana se armó el escándalo en nuestro pabellón por un mano a mano que jugaba conmigo. Yo había sido campeón bochador en un torneo realizado semanas anteriores. Pedro y yo iniciamos el partido y le cedí el mingo. Lo tiró lejísimos donde mis brazos no pudieran alcanzar y empezó a ganarme. Cuando los demás presos recibieron la noticia de que Pedro me estaba dominando, empezaron a salir de sus calabozos, formaron un callejón humano y una algarabía terrible en favor de Pedro. Hacían todo lo posible por desmoralizarme. Pedro me tenía quebrado. Mi brazo no llegaba adonde llegaba el suyo. Colocó la tantera 11 x 0 a su favor. Estaba a punto de darme un "capote". Si lo hubiera logrado los detenidos echan las paredes abajo de contentos. Cuando iba para el remate, la suerte me ayudó porque le hice un tanto y cogí el mingo. Lo halé corto que era la distancia en la cual yo bochaba bien. En tres tiros logré los once tantos que me faltaban. La decepción fue grande entre los agresivos espectadores, pero en cambio Pedro me miró fijamente, se sonrió y me abrazó diciéndome:
— ¡Cono, qué bien, sé siempre en todo así, nunca te entregues!
Pedro fumaba mucha pipa y sus compañeros con cierta regularidad le enviaban picadura. Pero cuando se le terminaba, recogía del suelo las colillas de los cigarrillos que tiraban los otros fumadores, las desbarataba y llenaba su pipa. Y un día, un bruto que lo vio agachándose para recolectar los cabos, le preguntó por qué no pedía cigarrillos o picadura a otros que tenían. Pedro lo miró con cara de arrecho y le respondió:
—Porque no soy hombre que le pide a los que, teniendo, no me ofrecen.
Desde aquel día los fumadores se preocupaban por averiguar si le faltaba o no picadura.
A casi todos los presos en Bolívar les gustaba que fuera un cura a la cárcel porque era la oportunidad en que nos reunían a los de los distintos pabellones para que oyéramos la misa. Un día llegó un sacerdote y Negro Blanco —un guardia de los S.N. de muy malos instintos—, subió a ordenarnos que bajáramos al patio para escucharlo.
—Vamos, Pedro —le invité.
—No joda, no bajo a oír a ese cabrón de cura ni que me maten n plan. Si quieres baja tú y que bajen los otros, pero lo que soy yo no convalido con mí presencia un hecho bochornoso como ese de escuchar a un hombre que viene a decir mentiras.
Tuve que ideármelas para Convencerlo de que se metiera al retrete a fin de engañar al guardia diciéndole que por estar Pedro enfermo, no podía bajar éste ni yo tampoco por cuanto debía quedarme cuidándolo.
Con cédula y trabajo
El 24 de enero de 1958 que nos dieron la libertad, él y yo, junto con otros, viajábamos hacia Caracas en autobús. Mientras esperábamos la chalana en la orilla del Orinoco, llegó Jiménez Moya —el mismo que estuvo en Venezuela con la escolta de Fidel Castro el 59 y que después murió al invadir Santo Domingo, su patria, para liberarla de Trujillo—, a buscarme en un carro expreso. Jiménez Moya había trabajado bajo mi dirección en la resistencia. Bajé a Pedro conmigo del autobús y nos metimos en el automóvil. A la casucha donde vivía mi familia en La Pastora llegamos como a la una de la mañana del 25. El único espacio que allí había para Pedro era el zaguán y en él durmió.
Al día siguiente o, mejor, el mismo 25 en la mañana salimos a buscar sus compañeros y los encontramos.
Luego confrontamos problemas para dotar a Pedro de sus documentos de identidad. Desde que salió de España andaba sin éstos o con unos falsos. Por nada quería legalizar su situación en Venezuela después del 24 de enero del 58. Le proporcionamos los papeles contra su voluntad. Planteé su caso ante el CEN de A.D. Expliqué qué clase de hombre era y cuál había sido su comportamiento en la lucha frente a la tiranía. Se resolvió que el Dr. Gonzalo Barrios valiéndose de su amistad con el Dr. Numa Quevedo, quien era Ministro del Interior en esos momentos, tratara a éste francamente el caso y consiguiera para Pedro una cédula de identidad atropellando cuantas disposiciones legales fuera necesario. El Dr. Barrios cumplió muy bien. Pero no todas las disposiciones podían burlarse. Para venezolanizar a Pedro era necesario indicar en qué sitio del país había nacido y en qué fecha. Todo tuve que inventarlo. Posiblemente lo puse a nacer en Guarebe, en Guaribe o en Guanape. Recibí la cédula, se la metí en el bolsillo y le advertí:
"Pórtala siempre. No nos hagas pasar por la vergüenza de tener que irte a sacar de un retén policial por indocumentado".
No habló, me miró reflexivamente y con un gesto me dio a entender que aceptaba la cédula como un remedio que yo lo obligaba a tragar.
Luego vino el problema de conseguirle trabajo. José Agustín Cátala, diligentemente, se lo obtuvo en una dependencia oficial. Cuando se le informó, rechazó decididamente la oferta.
"Trabajar yo en una dependencia del Estado que envilece al pueblo por más democrático que sea su gobierno, de ninguna manera. Prefiero morirme de hambre1*.
Fueron éstas más o menos sus palabras. Casi todos los que habían sido sus compañeros en las cárceles y campo de concentración, estaban preocupados por él. Hasta que Simón Alberto Consalvi le logró ocupación en la revista Momento como traductor o corrector de pruebas.
A Josefa, su esposa, la trajimos de Francia. No se veían desde el año 39. Como los hijos de ambos aceptaron prestar servicios en el ejército francés, Pedro rompió definitivamente con ellos y más nunca quiso saber nada de sus hijos.
Por las funerarias
Pedro enfermó mientras trabajaba en Momento, pero se negaba a ir al médico porque se le creaba un problema moral: cobrar un sueldo sin haber efectuado el trabajo correspondiente. Por fin aceptó, pero ya la enfermedad estaba muy avanzada. Días después se desplomó en su puesto de trabajo. De emergencia lo condujeron al Hospital Clínico de la Ciudad Universitaria. Sus compañeros me llamaron para notificarme lo de su hospitalización. En esos días yo estaba trabajando en la preparación de un CDN de Acción Democrática en mi carácter de Secretario de Organización, pero hice un tiempo y fui a visitarlo. Cuando me vio llegar trató de incorporarse en la cama porque tal vez pensó que para él era un deshonor el que yo lo viera acostado. ¡Tanto me había aconsejado el que me mantuviera siempre erguido! Le salté encima, lo reprendí y lo empujé sobre la almohada. A su lado estaba su compañera Josefa, tranquila, con la insensibilidad de la heroína, como agotada toda su capacidad de sufrimiento.
Tres días después, en los momentos en que hacía uso de la palabra en el CDN hubo una llamada para mí como a las once de la noche que no pude atender. Cuando concluí, Betty Blanco, la Secretaria, me informó:
"LO LLAMARON PARA NOTIFICARLE QUE MURIÓ EL SEÑOR PEDRO BERTRÁN".
— ¿Dónde lo tienen? —pregunté conmovido a Betty. —No explicaron más nada.
Salí a buscar su cadáver por todas las funerarias. A las ocho de la mañana del día siguiente lo encontré en La Voluntad de-Dios, en Puente Hierro. No había nadie acompañándolo, ni siquiera Josefa. Prorrumpí en un llanto. Sobre el corte de la urna que permitía ver su cara, apoyé la mía y bañé de lágrimas aquel espacio. Cuando me recobré y pregunté si alguien lo había acompañado durante la noche, me respondieron que sí, que muchos, pero que casualmente hacía media hora que todos se habían marchado a cambiarse para luego regresar e ir al entierro. En efecto, poco rato después llegaron sus compañeros, sus amigos y también Josefa. Lo sepultamos a las once de la mañana, en el cerro situado a la derecha al entrar en el Cementerio General del Sur.
Su nombre verdadero no era este de Pedro Bertrán Wells. Un día estuvo a punto de confesármelo pero vaciló y no insistí. Deduje que su apellido era Robespierre. Lo sabré alguna vez aun cuando para ello tenga que viajar a España y Francia. Es el hombre de más grande dimensión humana y moral que he conocido y el único al que yo hubiera deseado parecerme. Ese sí era grande en el pensamiento, en su conducta y en su acción.
Pero revolucionario integral que prefirió la anonimía a la figuración, pocos seres en el mundo saben que existió tan acabado ejemplar de nuestra especie.
Tomado del libro
"Por un Caballo y una Mujer·"
de Salom Mesa Espinoza
(Valencia 1978)
Dominique, tu peux nous éclairer sur le nom véritable de ton grand-père et sur l'histoire de ta famille, de lui à toi ?
Alors .... Comme l'avait soupçonné l'auteur du bouquin : je le cite : "su nombre verdadero no era este de Pedro Beltràn Wells... deduje que su apellido era Robespierre ... "
Il avait bien déduit , mon grand-père s'appelait Auguste, Maximilien, Robespierre, Audoui. Mon père (son fils) s'appelait, Auguste, Voltaire, Platon, Audoui et moi, beaucoup plus simplement, Dominique, Auguste, Audoui
Les 3 sœurs à mon père, Violette (mère de Guy Chastan , avec qui tu étais à l'école normale), Aurore, Harmonie. Longtemps, mon père , grâce à de simples prénoms savait, quand ici en France, il s'adressait à un fils ou fille de réfugiés politiques, ou à de simples immigrés "économiques"....les noms révolutionnaires d'un côté (Libertad, Esperanza, Fidel, Ibero, Illitch, Dante... ) ; les prénoms à connotations religieuse de l'autre: (Concepcion, Dolores, Jesus, Incarnacion... )
Voilà, sinon pour le reste, Salmon Mesa en savait plus que moi, je ne savais pas qu'avant d'arriver au Venezuela, il était passé par les Etats-Unis, Panama et Saint Domingue et que chaque fois on l'avait dégagé à coups de pieds au cul ...
Ma grand-mère l'a rejoint 20 ans après leur séparation, il est mort 2 ou 3 ans après leurs retrouvailles, elle est rentrée en France où elle est morte en 1983....Mon père les a rejoints en 1985 ....
Mon grand père était bien né en France, à Servian ou Montblanc du Côté de Béziers , et ses parents avaient quitté la France pour l'Espagne quand il n'avait que quelques mois ..c'est pour dire s'il se sentait plus Espagnol que Français et combien il s'était impliqué dans la vie politique à Barcelone, et plus tard dans la guerre civile ....
Ma grand-mère, elle, était Espagnole, (Josefa Alvarez Puente) et ils se sont connus à Barcelone , où sont nés mon père et ses 3 sœurs ....
En 39, pour la "retirada ", mon grand-père les a installés à Montagnac (un retour aux sources en quelque sorte) et a pris le bateau pour les Amériques ....
Voilà, j'espère avoir répondu à tes questions, si tu en as d'autres .. n'hésite pas... ce sera avec plaisir que j'y répondrai, ce n'est pas tous les jours que j'ai l'occasion de parler de ces choses là ......
Amitiés
Dominique ..... No pasaran .....Lol ...
mél : thierry.arcaix@wanadoo.fr ; tél : 06 23 10 62 21